Pas toujours facile, en temps de crise, de faire face au surcroit de pression et de stress, et ce que l'on soit salarié, patron ou manager. Pour éviter le stress et tomber dans une situation d'épuisement professionnel, il est parfois nécessaire de redoubler d'efforts. Afin de se prémunir contre un éventuel burn-out, voici quelques astuces qui pourraient s'avérer salvatrices à l'heure où la grisaille printanière finit de consumer nos dernières ressources.
Connaissez-vous le burn-out, ce fameux syndrome d'épuisement professionnel souvent induit par un regain de pression et une surcharge de travail ? Dans cette situation, il est souvent difficile de faire face tant le stress consume l'individu de l'intérieur. Comme l'écrit le philosophe belge Pascal Chabot dans son livre Global burn-out, le burn-out est à considérer comme une "pathologie de la civilisation".
Pour lui, ce phénomène ne découle pas uniquement d'un trouble individuel affectant certaines personnes inadaptées au système ou trop dévouées à leur emploi et incapables de fixer des limites à leur investissement professionnel. Ainsi, le burn-out s'explique également comme le reflet des normes et valeurs aujourd'hui en vigueur dans notre société : le culte de la performance et de la maximisation, dorénavant amplifié par l'essor des nouvelles technologies imposant de nouvelles temporalités à l'Homme.
Pour autant, par delà l'analyse de Pascal Chabot, comment se soustraire à cette tendance ? Quel comportement mettre en œuvre dans son environnement de travail pour ne pas tomber dans une situation de burn-out ? Bien que la meilleure solution, dans le cas d'un problème grave, soit de suivre une thérapie, il existe toutefois des solutions pour anticiper et ainsi réduire le risque de dépression au travail. Interrogée par le HuffPost, la psychologue au Centre de traitement du stress et de l'anxiété Stéphanie Bertholon y va de ses conseils.
Pour un manager, inutile de remettre en question les difficultés de l'équipe
Stéphanie Bertholon souligne que les salariés se sentent et sont de plus en plus surveillés – grâce notamment aux fonctions rendues possibles par les nouvelles technologies. En résulte l'installation d'une certaine méfiance voire d'un rapport infantilisant entre les salariés et leur hiérarchie. Pour limiter ce type de situation, il est préférable pour un manager par exemple de ne pas nier les difficultés des employés pour ne pas créer une pression inutile. À éviter, donc : le discours moralisateur du "estimez-vous déjà heureux d'avoir un emploi".
Ne pas hésiter à demander ce que l'on attend de vous
Dans le cadre du travail, certains salariés ont plus de difficultés que d'autres à savoir précisément ce que l'on attend d'eux. Résultat : leur côté perfectionniste les amène à ne pas dire non et à faire des heures supplémentaires pour bien peaufiner leur mission. Mais cette habitude fait courir le risque à l'employé de tomber dans une situation d'épuisement. Pour cette raison, il est donc préférable de demander aux autres ce qu'ils attendent de vous.
Attention aux récompenses qui se révèlent parfois contre-productives
Dans l'optique d'améliorer les performances et de motiver les équipes, il n'est pas rare que les managers recourent aux récompenses financières et autres bonus. Pour autant, cette pratique peut en réalité s'avérer contre-productive. Il est en effet crucial pour les salariés de bien équilibrer les gratifications financières et émotionnelles. Ainsi, remercier un membre de l'équipe pour un travail bien fait se révèle une bonne initiative.
Acceptez vos peurs pour limiter le stress
Il est parfaitement inutile de réprimer ses peurs et angoisses au travail. Retenez bien que chaque personne est bien distincte : certains employés possèdent une personnalité affirmée, d'autres pas. Aussi, avoir des peurs et des angoisses au travail est tout à fait normal et doit être accepté. Renier ces dernières peut entrainer un important regain de stress et s'avérer destructeur sur le long terme. Pour cette raison, il est important d'identifier ses peurs et de ne pas les refouler infiniment.
Accordez-vous une véritable pause déjeuner
Vous l'avez peut-être remarqué : dans une optique d'équilibre, le cerveau nécessite des rituels et des habitudes, à l'instar de la pause déjeuner. Un repère qui vous permet à la fois de rester au calme et d'éviter tout facteur de stress. Bien que le stress puisse se révéler un excellent allié, ce dernier devient dévastateur lorsqu'il est trop présent. La meilleure solution est donc de prendre une vraie pause déjeuner, de préférence à l'écart de l'entreprise.
Un manager est tenu d'expliquer les sanctions
Pour la psychologue Stéphanie Bertholon, la pire des situations pour un salarié est de faire l'objet d'une sanction sans comprendre pourquoi. Cette sanction peut se traduire de multiples façons : une absence de récompense ou d'augmentation, un déclassement, etc. Quoiqu'il en soit, l'employé retourne alors le problème dans sa tête pour identifier la motivation de cette sanction infiniment. Une situation délétère qui mène au burn-out et à la dépression.
Autorisez-vous des moments pour rêvasser
Dans le monde de l'entreprise, qui dit créativité dit aussi oisiveté. Pour s'en convaincre, il suffit pour cela de se pencher sur des grandes entreprises du web à l'image de Google ou Linkedin, où des espaces de détente ont été spécialement mis en place pour les employés. D'une manière générale, il est important de lâcher prise de temps à autre pour s'aérer l'esprit, rêvasser et ainsi éviter l'épuisement. Les études le montrent, cette technique se révèle qui plus est productive.
À la maison, prenez vos distances avec vos smartphones et ordinateurs
Vous en êtes sans doute conscient : votre smartphone vous suit partout tout au long de la journée, sur votre lieu de travail mais aussi à votre domicile. Même si vous êtes par moment tenu d'être joignable au téléphone, il est tout de même préférable une fois chez vous de désactiver quelques notifications et ainsi prendre ses distances avec le flux. À noter, d'après les études, qu'un salarié consulte sa messagerie électronique toutes les 6 minutes 30 depuis son bureau, et ce sans que cela soit vraiment nécessaire.
Un phénomène qui continue bien souvent une fois de retour au domicile. Pour apprendre à vous déconnecter, vous pouvez par exemple commencer par laisser votre smartphone à la maison lorsque vous partez faire les courses. Dans la même optique, évitez aussi de laisser votre ordinateur fixe ou portable ouvert dans votre salon ou salle à manger pour ne pas être tenté de vous reconnecter. Enfin, apprenez également à décrocher lorsque vous partez en vacances.
Concentrez-vous sur une seule tâche à la fois
Même si certains emplois nécessitent d'être multitâche, il ne faut pas omettre qu'une telle pratique use fortement les batteries du salarié sur le long terme. En d'autres termes, le fait de répondre à ses mails, de poster sur les réseaux sociaux, tout en préparant un rendez-vous ou une réunion n'est pas vraiment productif. Une bonne façon d'être plus écologique avec votre cerveau est donc de passer en mode mono-tâche. À noter que cette technique vous évitera par ailleurs cette fâcheuse tendance à toujours tout remettre au lendemain.
Ne négligez pas vos activités extra-professionnelles
Préserver son bien-être est une question d'équilibre. Pour cette raison, il est important de poursuivre des activités extra-professionnelles (cuisine, activités familiales, sport, etc.). Cultiver cette habitude permet ainsi de penser à autre chose et de ne pas se laisser entrainer par la spirale du travail. En plus de répondre à un besoin d'équilibre, ces activités permettent également de se dégourdir un peu les jambes – une bonne chose lorsque l'on passe une bonne partie de sa journée assis devant un ordinateur.
De manière plus générale, retenez que les troubles du sommeil et une mauvaise alimentation participent considérablement à l'épuisement. L'idéal est donc de bien dormir et de bien s'alimenter.