Ce n'est pas parce que vous disposez des qualités académiques et expériences professionnelles nécessaires pour un poste que ce dernier est dans la poche, loin s'en faut. Il suffit en effet d'une faute de français dans votre lettre de motivation pour voir vos chances de décrocher un entretien se réduire à néant, et ce malgré la rigueur que vous y vantez. Voici quelques conseils pour l'éviter.
Une baisse du niveau de la langue française
La langue française est parfois épineuse, même pour les Français. Il faut faire avec les nombreux pièges et autres règles échappant à toute logique ou presque. Pour y échapper, un certain nombre d'enfants de la génération Y (nés entre 1980 et 2000) ont pourtant essayé de mettre au point un langage phonétique (le "langage SMS" du type "T ou ?"). Mais le Bescherelle a finalement eu raison d'eux : les Français restent quand même sensibles à la préservation de leur patrimoine.
D'ailleurs, une étude publiée par le magazine Les Timbrés de l'orthographe souligne que 64 % d'entre eux ne souhaitent pas que l'orthographe soit simplifiée. Pas moins de 80 % des Français se considèrent même comme bons dans la discipline, tandis que 98 % indiquent prendre un soin méticuleux à respecter ces règles au moment de rédiger un courrier ou un mail.
Malheureusement, en dépit de cette bonne volonté, le niveau général baisse considérablement, attirant à chacun moult préjudices. Près de neuf personnes sur dix sondées par Les Timbrés de l'orthographe admettent en effet être exaspérées en recevant un courrier ou un mail contenant des fautes. Or, il est fort probable que se trouvent parmi eux quelques-uns de vos prochains supérieurs hiérarchiques, collègues et autres clients. Une chose est sûre, quoi qu'il en soit, le DRH devra se passer de vos services pour conserver l'image de son entreprise si vous n'êtes pas irréprochable. Il est alors impératif d'améliorer son orthographe.
Les fautes de français les plus courantes à bannir au plus vite
Mille et cent : nous sommes nombreux à l'oublier : mille ne s'accorde en aucun cas. À l'inverse, cent prend quant à lui un -s lorsqu'il est précédé d'un nombre qui le multiplie (quatre cents) et ne s'accorde pas quand il est suivi d'un autre nombre (quatre cent douze pièces d'or). En outre, sachant que mille est un adjectif numéral, cent ne s'accorde pas lorsqu'il est placé devant ce dernier : quatre cent mille. Toutefois, l'accord se fait devant les noms millier, million et milliard : quatre cents millions. Avouons tout de même que la règle n'est pas si évidente…
En termes de : cette locution très répandue veut en réalité dire "dans le vocabulaire de". Ainsi, il est possible de dire "en termes de droit administratif" mais pas "en termes de hiérarchie", qu'il faut remplacer par "en matière de ", "quant à" ou encore "pour ce qui est de".
Sans : en fonction du sens, sans peut être suivi du singulier ou du pluriel. Le singulier est de rigueur concernant les noms dits abstraits : être sans peur. Mais le pluriel doit être utilisé pour tout ce qui est au pluriel par nature : des lunettes sans verres. Néanmoins, l'Académie française estime, dans la plupart des cas, que la nuance sémantique est si fine que singulier et pluriel sont tolérés.
Pas de "quelque soit" : cette expression n'existe pas, il faut donc écrire systématiquement quel que en deux mots distincts. À noter que le verbe placé derrière devra être au subjonctif et que le mot "quel" s'accordera en genre et en nombre avec le sujet du verbe : quels que soient vos souhaits, etc.
À l'intention ou à l'attention : il faut noter "à l'attention de" car vous envoyez votre lettre à l'attention de Monsieur x afin d'attirer son attention sur votre postulation. En revanche, rien ne vous empêche d'apporter des viennoiseries à l'intention de collègues.
Apporter ≠ amener : il est important de ne pas les confondre. Amener signifie en effet "faire venir vers soi" ou " venir accompagné par/de", tandis qu'"apporter", c'est "porter à". On dira ainsi par exemple : j'apporte ma lettre de démission à mon supérieur, et non pas "j'amène".
Parmi et Malgré : ces deux mots ne prennent jamais, mais alors jamais de -s.
Être en charge de : il s'agit d'un anglicisme. Bien que très courant, et ce tout particulièrement dans les lettres de motivation, il n'est pas exclu que ce détail attire l'attention de votre futur chef, qui sait, très porté sur le respect de la langue française… aïe. Donc mieux vaut employer les expressions suivantes, nettement plus correctes : avoir la charge de, être chargé de.
Certes, tout le monde n'est pas aussi passionné par l'orthographe que Bernard Pivot, mais pouvoir gagner en crédibilité au quotidien et en entreprise, et ne plus douter de ses mots ou expressions présente un sacré avantage.
Après que : dans tous les cas, ce sont les temps de l'indicatif qui doivent suivre. Même si cela peut sembler étrange à l'oral – le subjonctif est alors irrésistible –, il faut écrire, comme Charles Trénet dans L'Âme des poètes : "longtemps après que les poètes ont disparu, leurs chansons courent encore dans les rues".
Faut-il dire Je pourrai ou Je pourrais ? Il vous suffit de mettre le verbe utilisé au pluriel afin de savoir si vous devez utiliser le conditionnel. Ex : Je pourrai te la rendre samedi (nous pourrons te la rendre samedi) ; Je sais bien que je devrais me ménager (nous savons bien que nous devrions nous ménager).