Selon le baromètre Powermetrix-AFP publié mardi 30 avril, près de 11 % des Français peinent à payer leur facture d’électricité. L'Insee, de son côté, estime que 3,8 millions de ménages sont concernés, soit 13 % des Français. Ce chiffre a été cité par la ministre de l'Énergie, Delphine Batho, lors d'une rencontre avec des familles victimes de la précarité énergétique le 11 mars dernier.
Depuis 5 ans, la hausse continue (et non contenue) des tarifs de l’électricité et du gaz a contribué à étendre la précarité énergétique. C’est ce que dénote le baromètre Powermetrix-AFP publié le 30 avril, dans lequel près de 11 % des Français - soit 3 millions de foyers et le double de personnes - reconnaissent avoir eu récemment des difficultés à payer leur facture d’électricité ou de gaz, ce qui les place dans la catégorie des foyers en situation de précarité énergétique. Ce concept est assez récent : un rapport rendu par l’Anah (l'Agence nationale de l'habitat) et la Fondation Abbé Pierre en 2009, dans le cadre du Grenelle de l'environnement, juge qu'elle résulte de l'action conjuguée de 3 facteurs : un faible niveau de revenus, stagnant, une mauvaise isolation thermique des immeubles d'habitation et un coût de l’énergie en augmentation extrêmement rapide.
L' enquête menée cet hiver par Wattgo, une société s'occupant de la collecte et de l’analyse des données portant sur la consommation électrique des Français, sur un panel représentatif de 840 consommateurs, a permis de dessiner un «portrait-type» du ménage en situation de précarité énergétique. On sait ainsi que le taux est plus élevé (18 %) chez les locataires que les propriétaires (6 %), d’autant plus en logement social (24 %) que dans le privé (15 %). Par ailleurs, le cas est plus fréquent pour les foyers dont le logement n’a pas fait l’objet de travaux d’isolation : 18 % de ces ménages ont du mal à payer leurs factures, contre 8 % de ceux qui habitent les logements "partiellement ou totalement isolés".
Passoires thermiques et soirées aux chandelles
Les difficultés à honorer sa facture d’électricité concernent presque autant ceux qui se chauffent à l’électricité (13 %) que ceux qui se chauffent "par un autre moyen" (11 %), c’est à dire au gaz, au fioul, au bois… La raison pourrait en être que "les foyers anciens et mal isolés, plus sujets à la précarité énergétique, sont traditionnellement moins chauffés à l’électrique", d'après Mathilde Voegtlé, chargée d’études pour Wattgo. Face à cette réalité, l’extension des tarifs sociaux du gaz et de l’électricité à 4 millions de foyers vise à alléger le poids de cette facture dans le budget des ménages, d'environ 100 euros de moins par an sur la facture électrique, et 150 euros sur celle de gaz.
La mesure fait partie de la loi Brottes sur la tarification progressive de l’énergie. Et si, pour la Fondation Abbé Pierre, ce n’est pas la seule réponse, "sa mise en œuvre doit être l’occasion de dépasser le système inadapté et insuffisant des tarifs sociaux et de déployer un véritable bouclier énergétique. (…) Il éviterait des situations de privation de chauffage, humainement insupportables et économiquement coûteuses : 1 € investi pour rendre un logement confortable, c’est 0,42 € d’économisé sur les dépenses de santé". "L'enjeu c'est de faire de la lutte contre les logements énergivores et les passoires thermiques une priorité nationale", a déclaré Mme Batho, au cours de son déplacement.
Sources : Énergie Actu, Libération