L’Arménie commémore ce vendredi 24 avril à Erevan les 100 ans des massacres ayant ôté la vie à 1,5 million d’Arméniens, à l’époque de l’Empire ottoman. L’occasion, ou pas, pour les chefs d’État du monde occidental de reconnaître l’un des pires crimes perpétrés contre l’Humanité et la civilisation. Mais aussi le moment idéal pour dénicher quelques films importants pour évoquer ce génocide.
À l’heure où la commémoration du génocide arménien ravive les vieilles joutes diplomatiques et contraint nombre de chefs d’État à des numéros d’équilibristes, sans doute les plus touchantes dénonciations du massacre sont-elles à chercher du côté du cinéma.
Alors qu’il aura fallu, à l’instar des peintures abstraites d’Arshile Gorky, patienter jusqu’en 1933 pour voir la littérature s’emparer du thème du génocide arménien, le cinéma s’est lui montré plus précoce. La preuve que la thématique a infusé plus tôt qu’on ne le croit la culture populaire.
Ravished Armenia
Dès 1919, le film Ravished Armenia, d’Oscar Apfel s’empare par exemple du sujet en évoquant l’histoire d’Aurora Mardiganian, célèbre survivante du massacre.
America America
Plus tard, l’Américain Elia Kazan, d’origine grecque, réalisera America America (1963). L’occasion, pour ce cinéaste culte notamment connu pour La Fièvre dans le sang et son adaptation d’Un tramway nommé désir, de dénoncer avec férocité l’oppression et les pogroms initiés par les Turcs sous l’Empire ottoman.
Mayrig
Mais c’est surtout à partir des années 1980 et 1990 que le génocide arménien entre dans les consciences de façon plus tangible. On voit alors Henri Verneuil mettre en scène Mayrig (1991), récit saisissant du procès de Soghomon Tehlirian, l’assassin du principal responsable du génocide arménien, Berlin Talaat Pacha. À noter que le réalisateur d’Un singe en hiver adapte alors son propre roman.
Ararat
Au début des années 2000, le canadien Atom Egoyan (Exotica, De beaux lendemains) tente avec Ararat (2002) de retranscrire la complexité de l’évènement grâce aux destins croisés de personnages. Via différents points de vue, il tisse une histoire alambiquée façon poupées gigognes. Un projet ambitieux notamment porté par Charles Aznavour, qui s’est d’ailleurs souvent battu pour la reconnaissance du génocide. On citera à ce titre sa chanson Ils sont tombés.
The Cut
Peut-être le récent The Cut (2014) de Fatih Akin est-il dans le fond plus programmatique que passionnel. Probablement. Reste que sa fresque romanesque, quoique maladroite, mérite que l’on s’y attarde quelques instants. En attendant qu’un grand réalisateur permette un jour d’exorciser, en partie, le génocide.
Source : Pratique.fr