Si la crise économique et par extension le chômage restent aujourd'hui indiscutablement d'actualité, ce serait en réalité plutôt du chômage à longue durée dont il faudrait se méfier. C'est ce que révèle une étude relayée par The Atlantic.
Saviez-vous que les employeurs auraient souvent la fâcheuse tendance à moins recourir (et donc à moins embaucher) les personnes au chômage depuis plus de six mois ? C'est en tout cas ce que souligne une enquête récemment finalisée par deux économistes et publiée dans le journal The Atlantic. Pour parvenir à une telle conclusion, Rhand Gayad, chercheur à la Réserve Fédérale de Boston, et William Dickens, professeur d'économie à la Northeastern University, se sont basés sur la courbe de Beverdige – graphique censé expliquer la relation existant entre le taux de chômage et le taux d'emplois vacants – pour tous les âges, niveaux d'éducation et industries. Une façon de voir à qui ne profite pas la reprise de l'économie américaine.
En théorie, d'après la courbe de Beveridge, plus le nombre d'emplois libres est important, plus le taux de chômage est limité. De même, plus les employeurs ont besoin d'embaucher, plus ils seront disposés à le faire même si les salariés engagés ne correspondent pas exactement à leurs attentes. Or, pour Beveridge, on peut parler de plein-emploi dans une économie à condition que le nombre de chômeurs soit identique au nombre d'emplois vacants – une situation qui sous entend que les employeurs ne dénichent pas d'employés adaptés à leur besoin, et réciproquement.
Le chômage de longue durée dissuade les employeurs
Tout en tenant compte de ces éléments, Ghayad et Dickens se sont aperçus que la courbe restait normale quel que soit l'âge, l'industrie ou le niveau d'éducation, à la seule condition que les personnes concernées ne soient pas au chômage plus de six mois consécutifs. En conclusion, comme l'explique le journaliste de The Atlantic, l'élément le plus important est le temps que l'on a passé sans travail. Afin de vérifier leur hypothèse, les deux économistes ont envoyé 4 800 fausses candidatures (dont 3 600 personnes fictives au chômage) pour quelque 600 offres d'emploi. Seules différences entre ces dernières : le temps passé sans emploi, la fréquence de changement de travail et leur expérience.
Le résultat est sans appel : les employeurs se sont massivement penchés sur les postulants n'ayant pas été longtemps au chômage, ceux disposant d'expérience et ceux n'ayant pas changé beaucoup d'emploi. À noter toutefois, comme le détaillent les deux chercheurs, que l'élément le plus significatif est le temps pendant lequel le salarié est resté sans emploi. Et si les chômeurs de longue durée devenaient à terme inemployables ? C'est la question que se pose The Atlantic, qui craint dans ces conditions une chute vertigineuse de la capacité productive des États-Unis.
Quelque 2 millions de chômeurs de longue durée en France
S'agissant de la France, les chiffres du chômage ont considérablement augmenté en février 2013, notamment en ce qui concerne le chômage de longue durée. Pire : sur un an, celui-ci a augmenté de 14,7 % - un record en valeur absolue –. À noter que dans l'Hexagone, 2 millions de personnes sont inscrites depuis plus d'un an à Pôle Emploi, parmi lesquels plus de 500 000 sans emploi depuis plus de trois ans. Ces derniers correspondent actuellement à 40 % des chômeurs de France.
Sources : The Atlantic, BostonFed, Libération, Slate