Les scientifiques ont la dent dure : les chips seraient aussi addictives que l'héroïne, d'après une étude publiée dans l'American Journal of Clinical Nutrition. C'est pour cela que, lorsque l'on en mange une, on en mange deux et bientôt le paquet est terminé. Il en va de même pour tous ces aliments "qui se mangent sans faim".
Pourquoi aime-t-on grignoter des heures durant en discutant ? Picorer des petits gâteaux apéritifs est agréable et, même sans avoir véritablement faim, on en a envie.
D'après les scientifiques, certains aliments provoqueraient une réaction sur notre cerveau en stimulant les régions correspondant à la "récompense et à l'envie", provoquant alors une sorte de bien-être, de bonheur. Ces zones seraient aussi responsables de la dépendance et de la toxicomanie. En d'autres termes, certains aliments stimuleraient le cerveau comme le font les drogues dures : il n'est alors plus question de faim, mais de besoin.
Le point commun entre drogue dure et chips
Pour parvenir à cette conclusion, David Ludwig et son équipe ont observé 12 hommes volontaires, obèses ou en surpoids, séparés en deux groupes. Après que ces derniers aient mangé, les médecins mesuraient leur taux de glycémie dans le sang et leur impression de faim durant les 4h suivant le repas, tout en scannant leur activité cérébrale par IRM. Le but : constater quelles zones du cerveau étaient sollicitées en fonction des aliments ingurgités et comment se comportaient les cobayes.
La grande innovation de cette expérience tient dans le choix des aliments testés. Plutôt que de comparer des aliments incomparables (légumes vapeur VS frites et fast-food), les médecins ont choisi de servir strictement les mêmes aliments d'un groupe à l'autre : des milkshakes similaires, au même nombre de calories et dans la même quantité. Seule différence : l'indice glycémique du glucide, ou le taux de sucre.
En effet, à l'un des deux groupes, les médecins offraient des milkshakes dont l'indice de glycémie était très élevé : la digestion est plus rapide car le sucre est rapidement métabolisé à cause de son taux qui augmente brutalement dans le sang. Cela provoque alors une réaction de l'organisme pour s'y adapter très vite. Le taux de glycémie, qui a d'abord subi un pic, chute aussi brutalement une fois métabolisé, provocant alors une faim soudaine et violente, suivi d'un besoin irrépressible de manger à nouveau.
Pour maigrir, peu importe le nombre de calories ?
L'autre groupe, qui a ingurgité le même milkshake, avec cependant un indice de glycémie plus faible, a mis davantage de temps pour le digérer. Ces participants n'ont donc pas vécu l'intensité du pic de glycémie dans le sang, ni sa chute soudaine. Aussi, 4 heures plus tard, ils ne ressentaient nulle envie de manger.
À travers cette expérience, le docteur Ludwig prouve que la faim peut être contrôlée et évitée. Il montre, de plus, que le cerveau participe activement à ce sentiment de "petit creux" pouvant vite devenir une "faim excessive". Si la réaction cérébrale face au sucre avait déjà été découverte lors d'études précédentes, c'est la première fois qu'une telle distinction est établie entre deux produits sucrés similaires.
Enfin, il démontre que, pour 2 personnes ayant le même type d'alimentation, l'une des deux pourra davantage grossir alors que le nombre de calories ingérées est similaire à son comparse. Le point important, c'est le taux de glycémie, présent dans tous nos aliments sucrés comme salés, qui pousse à manger encore et encore. Aux États-Unis, 80 % des aliments ont des sucres ajoutés, ce qui expliquerait que 70 % des Américains soient en surpoids.
Grâce à cette étude, le docteur espère aider les personnes désirant maigrir : il souhaite ainsi sensibiliser le commun des mortels à l'indice glycémique afin que les nouveaux régimes se tournent non plus vers le taux de calories mais vers cet indice de glycémie qui modifierait la sensation de faim et, par conséquent, la fréquence des repas et donc le poids.