Depuis 60 ans, les techniques médicales de lutte et de dépistage du cancer du pancréas n'ont pas évolué. Coûteuses, lentes, peu fiables et peu sensibles, elles ont rapidement été abandonnées. Une nouvelle technique, qui détecte quasiment instantanément l'un des cancers les plus meurtriers, prétendument invisible, et dont l'efficacité et la simplicité sont surprenantes, vient d'être mise au point par un adolescent de 15 ans.
Le cancer du pancréas est certes assez rare par rapport aux autres cancers qui se développent de plus en plus, mais c'est l'un des plus meurtriers. Les symptômes sont aléatoires et se manifestent tardivement. Ainsi, la tumeur se développe pendant plusieurs mois, durant lesquels elle est finalement indétectable, et rend les traitements inefficaces. Ainsi, moins de 5 % des malades survivent 5 ans après le diagnostic. Concernant les malades dont la tumeur était opérable, seulement 10 à 30 % survivent. Autrement dit, 95 % des malades meurent dans les 5 années suivant la découverte du cancer, et entre 70 et 90 % décèdent malgré l'opération.
Une révolution médicale
Les moyens de détection du cancer pancréatique ont pendant très longtemps été laissés à l'abandon par la médecine : la dernière découverte sur le sujet a une soixantaine d'années. Les moyens mis à la disposition des médecins étaient très coûteux et d'une autre époque. Par conséquent, les résultats n'étaient pas précis et seuls les cancers déjà très développés pouvaient être repérés. Bien souvent la tumeur était bien trop développée pour être opérée. Inévitablement, la fiabilité des réponses a souvent été remise en cause, et beaucoup de médecins ont délaissé ce test.
Un jeune américain de 15 ans, après avoir perdu un proche de ce cancer, s'est justement demandé comment il était encore possible en 2013 d'être à ce point incapable de détecter un cancer quasiment généralisé, à une époque si imprégnée de technologie. Il se met donc à surfer sur différents sites médicaux, sur Google et Wikipedia, et à croiser les infos avec ses livres de cours du lycée. Il découvre que les malades n'ont en moyenne que 2 % de chance de survie, car pour 85 % des cas de détection il est déjà trop tard. Le test étant très couteux, il n'est plus utilisé pour faire une vérification, comme un test, mais comme preuve, au dernier moment. Le jeune scientifique se met donc à chercher une protéine commune à tous les malades et découvre que la mésothéline semble être un marqueur assez pertinent.
Une idée simple pour un test efficace
Parmi les milliers de protéines contenues dans l'organisme des malades, la mésothéline apparait comme l'élément commun à tous les malades de ce cancer, en grande quantité et surtout en développement précoce. Aussi, pour concrétiser cette hypothèse, il contacte 200 laboratoires qui évidemment se gaussent. Seul le Dr Anirba Maitra, cancérologue à l'Université de médecine de Johns Hopkins, à Baltimore (Maryland) invitera le jeune Jack Andraka à continuer ses recherches. Ses bandelettes sont alors mises au point comme un test sanguin ou un test de Ph : une goute de sang ou d'urine sur la bandelette réactive suffit pour qu'elle se colore. En fonction de la couleur il est possible de savoir si la mésothéline est présente dans l'organisme ou non, et par conséquent si le patient est malade.
Un test médical détient 4 paramètres : le coût, la rapidité de réponse, la fiabilité de la réponse et la sensibilité (le stade de la maladie à partir duquel le test la détecte). Comme le fait remarquer La Tribune, ce test ne coute que 6 centimes, soit 26 000 fois moins cher que le test déjà existant sur le marché (le test le moins cher coute environ 1 500 €, et est si peu fiable qu'il faut en faire plusieurs). Le temps de réponse est minimal, étant évalué à 5 minutes pour les plus longs, soit 168 fois plus rapide que ce qui existe actuellement. Enfin, la sensibilité est 400 fois supérieure et le taux de fiabilité est estimé à 90 %. Cette découverte fait considérablement avancer la lutte contre le cancer, la médecine et même la science. Bien que révolutionnaire, cette technique est contestable: la protéine mise en jeu se retrouve dans d'autres cancers (poumons et ovaires) et le test peut ainsi porter à confusion. Cependant, cela peut aussi être vu comme une force : il peut servir à dépister plusieurs cancers.