Déjà adoptée par l'Assemblée, la proposition de loi interdisant à Amazon et ses concurrents de cumuler la gratuité des frais de port du livre avec la remise de 5 % vient d'être votée à l'unanimité par les sénateurs. Objectif du texte : protéger les petits libraires de la concurrence déloyale.
Nous sommes nombreux à raisonner de la sorte : flemmards au point de ne pas prendre la peine de sortir de chez soi pour acheter un livre, nous nous tournons vers internet, où les sites de vente en ligne disposent presque toujours de stock et font bénéficier d'une remise de 5 %. Mieux encore : la livraison est gratuite. Enfin, plus pour longtemps car les sénateurs viennent de voter à l'unanimité en première lecture une proposition de loi pensée pour prohiber le cumul de deux avantages pour les cyberacheteurs : la livraison gratuite de livres et la remise de 5 % s'appliquant à ces derniers.
À l'origine, la proposition de loi en question, pensée par l'UMP Jacques Legendre, ne disposait que d'un article unique. L'enjeu : ajouter à la loi Lang de 1981, qui encadre le prix unique du livre, un alinéa indiquant l'impossibilité, en cas de livre expédié au client, de profiter remise de 5 % et de la gratuité des frais de port. Toutefois, les libraires du web seront toujours en mesure de proposer une réduction des frais en ligne jusqu'à 5 %. Une façon de rééquilibrer la concurrence.
Une loi espérée depuis longtemps par les petits libraires
Comme le souligne la ministre de la Culture Aurélie Filippetti, le cumul des deux offres est jugé déloyale à juste titre par les petites librairies. Cependant, la nouvelle mesure ne permettra pas à elle seule de régler l'ensemble des problèmes des libraires : la question des loyers et celle de la fiscalité représentent également un poids considérable.
Résultat, la loi est, quoi qu'il en soit, attendue fermement par les libraires traditionnels et indépendants dont l'équilibre est précaire. Rappelons que l'Hexagone comporte l'un des réseaux de librairies les plus denses de la planète, avec 3 500 librairies traditionnelles (contre moins de 1 000 en Grande-Bretagne). Reste maintenant à attendre que le texte retourne en seconde lecture à l'Assemblée pour être adopté de manière définitive.