Le 31 mars, nous passons à l'heure d'été. Votre nuit sera donc écourtée puisqu'à 2h du matin il sera en fait 3h. Cette tradition, vieille de 40 ans, peut avoir certains impacts sur le rythme de sommeil et la santé. Un changement d'1h est similaire à la traversée d'un fuseau horaire. Pour votre corps, c'est comme si vous alliez en Ukraine, en Turquie ou en Egypte, avec le rythme solaire en moins. La NASA évalue à 1 journée le temps de récupération par fuseau horaire, soit 1 journée pour 1h de décalage.
Les médecins parlent de plusieurs jours, voire plusieurs semaines pour se remettre d'un changement d'heure. Ce petit geste insignifiant, d'à peine 7 secondes, qui consiste à tourner la petite molette de votre montre pour que l'aiguille avance d'une heure en un instant, n'est ni petit ni insignifiant. Il provoque sur l'organisme une violente secousse, pas toujours si anodine.
Des conséquences sur le corps
L'alternance sommeil / éveil s'inscrit dans une durée déterminée : 24h, ou une journée. Le corps s'accorde sur la lumière et la température. L'Homme dispose ainsi d'une horloge interne, qui définit des cycles. Un rythme régulier dans les repas, les heures du coucher comme du réveil, cadence les journées et définit l'horloge interne. Au bout d'un certain temps, la montre ne sera plus nécessaire, votre corps vous rappellera qu'il faut vous coucher ou que vous avez faim. En bouleversant cette horloge interne (heures des repas différente d'un jour à l'autre, nuits blanches, etc.) l'horloge interne se dérègle, et dérègle l'organisme avec elle : fatigue par pic, perte d'appétit, susceptibilité…
On appelle "cycle circadiens" les événements biologiques ayant lieu toutes les 24 heures (circadien signifie "environ un jour" – circa : environ, dia : journée). Plusieurs cycles circadiens sont observés chez l'Homme : la température corporelle, les hormones, le rythme cardiaque, le niveau d'éveil, l'humeur, la vigilance et la mémoire. En déréglant l'horloge interne, vous déréglez ces cycles : le cœur peut s'emballer, vous avez des sueurs froides, des bouffées de chaleur ou au contraire vous n'arrivez pas à vous réchauffer, vous êtes irritable et impatient ou des informations vous échappent. Les conséquences peuvent être fatales puisque certains médecins mettent en relation les changements d'heure avec les pics de crises cardiaques.
Les nombreux impacts sur la santé
Une étude menée par l'Institut Karolinska de Stockholm et publiée dans la revue américaine New England Journal of Medicine montre que non seulement le changement d'heure influe sur le corps et le cerveau, mais il peut provoquer des AVC. Au passage de l'heure d'été, lorsqu'on avance d'une heure, le taux d'AVC augmente de 5 % dans les 3 jours suivants. Inversement, lorsque l'on passe à l'heure d'hiver, il baisse de 5 %. Les médecins ont observé et analysé une base de données recensant toutes les crises cardiaques entre 1987 et 2006 : la grosse majorité est étroitement liée aux changements d'heure.
Une autre étude sur les changements d'heure saisonniers a montré que l'horloge biologique s'accordait bien à l'heure d'hiver mais avait énormément de mal à s'adapter à l'heure d'été. En effet, l'horloge biologique se cale sur la température et la lumière. En hiver, il fait sombre et froid, ce qui explique une certaine fatigue pouvant virer à la déprime saisonnière. En revanche, en passant à l'heure d'été, les soirées sont plus longues, mais le réveil lui, sonne à la même heure, écourtant les nuits. De plus, le corps ne parvenant pas à se reposer, s'épuise, et les accidents surviennent. Sylvie Roland, psychiatre et médecin spécialiste du sommeil vous propose un résumé en images. Cependant, ce phénomène semble être très vieux :
Quelques conseils pratiques
Le site canadien Plaisir Santé indique quelques manœuvres à suivre pour gérer le changement d'heure :
- Avant le 31 (le 29 et le 30 au soir) couchez vous un peu plus tôt que d'habitude pour habituer progressivement votre corps au changement de "fuseau" ;
- évitez la grasse-matinée : il faut ancrer votre organisme dans un nouveau rythme ; dormir tard accentuera le choc du réveil tôt lorsqu'il faudra aller travailler ;
- le 31, couchez vous tôt afin d'avoir une nuit d'une durée aussi normale que possible ;
- baissez le chauffage, quitte à ce qu'il fasse plus froid que d'habitude, et fermez volets et rideaux : vous créez ainsi l'illusion d'une heure avancée dans la nuit et vous envoyez à votre corps le signal clair qu'il est temps de dormir ;
- le lendemain, levez-vous à votre heure habituelle pour obliger votre corps aux nouveaux horaires. Au petit-déjeuner, mangez un repas riche en protéines : votre cerveau, fatigué et déstabilisé, pourra puiser les substances qui lui seront nécessaires ;
- gardez ce rythme au moins une semaine.
Sources : Psychomédia.qc.ca ;