Nous ne métaboliserions pas tous la nicotine au même rythme, selon une étude scientifique américaine. Résultat, chacun disposerait d’une capacité qui lui est propre, s’agissant d’arrêter le tabac. Pour cette raison, les traitements devraient être revus et adaptés à la métabolisation des fumeurs. Explications.
Et si la vitesse à laquelle chaque fumeur élimine la nicotine de son organisme servait à mettre en place un traitement sur mesure pour arrêter la cigarette ? C’est la question que pose une étude américaine rendue publique ce lundi via la revue spécialisée The Lancet Respiratory. Si le fumeur ressent de manière générale un manque de nicotine à partir du moment où le niveau de cette dernière diminue au sein de son organisme, celui-ci métabolise néanmoins la nicotine à son rythme. C’est la raison pour laquelle les niveaux de nicotine se réduisent plus vite parmi les métaboliseurs "normaux" – à savoir 6 fumeurs sur 10. Ce qui les rend plus susceptibles de fumer davantage et de rencontrer plus de difficultés à s’en passer.
L’enquête menée entre autres par le professeur Caryn Lerman s’est appuyée sur 1 246 fumeurs souhaitant arrêter la cigarette, parmi lesquels la moitié de métaboliseurs lents, et l’autre de normaux. Ceux-ci ont été dispatchés via tirage au sort dans trois groupes distincts : l’un traité avec des patchs nicotine ainsi qu’une pilule placébo, le second via le médicament varénicline et des patchs placebo, et le troisième via un dispositif entièrement placebo. À l’issue du traitement, d’une durée de 11 semaines, les métaboliseurs normaux sous varénicline étaient en moyenne deux fois plus nombreux à ne pas fumer que ceux sous patch à la nicotine. De même, ces derniers étaient plus susceptibles de continuer à se passer de cigarette six mois après. En outre, la varénicline a été aussi efficace que les patchs à la nicotine, parmi les métaboliseurs lents. Néanmoins, ils ont entraîné davantage d’effets secondaires indésirables.
Bientôt un test sanguin pour mieux arrêter de fumer ?
Afin de déterminer les personnes éliminant plus ou moins vite la nicotine, et ainsi distinguer les produits les plus efficaces, les scientifiques ont opté pour un biomarqueur particulier. Il s’agissait d’un biomarqueur de la vitesse d’élimination de la nicotine permettant de mettre en évidence l’activité d’une enzyme du foie – le CYP1A6. En conclusion, pas moins de 65 % des fumeurs cherchant à arrêter le tabac rechutent au cours de la première semaine.
Ces résultats devraient permettre la mise au point d’un test sanguin servant à déterminer le métabolisme de la nicotine de chacun. Ce qui pourrait déboucher sur le développement de traitements adaptés à la vitesse de métabolisation des fumeurs désireux de stopper la cigarette. Rappelons que le tabac est responsable d’environ 6 millions de décès tous les ans, d’après l’OMS.