Les dépenses de la Caisse Nationale d'Assurance Maladie (CNAM) ont progressé moins vite que prévu dans le budget de la sécurité sociale, en s'établissant à 2,3 % de hausse sur 2012. Principales sources d'économies : les déremboursements de médicaments et la baisse des indemnités journalières (qui est le résultat combiné d'un abaissement du plafond d'indemnité à 1,8 Smic, et de la hausse du taux de chômage qui fait reculer le volume d'arrêts maladie). L'objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam) est donc respecté, pour la troisième année consécutive : contenir la hausse en-dessous de 2,5 % (après 2,9 % en 2011 et 3 % en 2010).
Un effort de 10 milliards en 4 ans
L'objectif n'est pas de dépenser moins, ni autant, mais de contenir la progression des dépenses, ce qui suppose tout de même une réduction des dépenses de 10 milliards, sans nuire à l'offre de soin. Cet objectif se traduit par des arbitrages parfois difficiles, surtout en période de crise. L'inspection générale des finances (IGF) et celle des affaires sociales (IGAS) ont préconisé une série de mesures qui permettraient selon elles de tenir cet objectif jusqu'en 2017 : limiter le volume de médicaments prescrits, imposer une baisse de prix des génériques et réduire de 10 % le nombre de pharmacies à l'horizon 2016. La Cour des comptes, de son côté, estime que "l'essentiel du chemin reste à faire pour parvenir à l'équilibre des comptes sociaux". Même si elle reconnaît "une amorce d'amélioration en 2011", due avant tout à "une bonne maîtrise de la masse salariale".
Des professionnels de santé à bout
Chez les urgentistes et les personnels des hôpitaux, l'heure est à la fronde sociale. Un appel à la grève était lancé par les syndicats des agents des hôpitaux publics jeudi, pour protester contre un manque de moyens humains et techniques, notamment de lits, de salles pour les examens… Alors que les médecins de ville et les dentistes voient leur coût à l'assurance maladie reculer de 0,2 %, les ambulanciers (+ 7 %), les infirmiers (+ 7,9 %) et les kinésithérapeutes (+ 4,4 %) sont parmi les dépenses les plus difficiles à maîtriser. Pas sûr que ceux-ci soient d'accord avec la Cour des comptes sur l'état de la masse salariale et sa capacité à supporter d'autres efforts, que ce soit en suppressions de postes ou en baisse des honoraires remboursés par la sécurité sociale.
Les tentatives du gouvernement de limiter la hausse des dépenses d'assurance maladie sont donc en bonne voie, mais il faudra faire preuve d'une finesse grandissante pour couper dans les coûts sans se mettre la communauté médicale ou hospitalière sur le dos, ni affaiblir le système de soins toujours parmi les plus performants d'Europe.