Deux chercheurs viennent de découvrir le moyen jadis utilisé par les habitants du royaume de Nubie pour rester en bonne santé. Afin de se soigner, ces derniers absorbaient des antibiotiques contenus dans un traitement à base de bière brassée avec des grains de céréales abritant des bactéries.
Il y a des milliers d'années, la prise d'antibiotiques était possible grâce à l'absorption de la bière. Un traitement pour le moins étonnant que les Nubiens appliquaient il y a 2 000 ans. Les auteurs de cette révélation sont un anthropologue de l'université d'Atlanta, George Armelagos, et un chimiste, Mark Nelson. Ces scientifiques se sont demandé comment un peuple tel que les Nubiens s'y prenait pour traiter les infections. Contre toute attente, ces derniers absorbaient de la bière.
Pour arriver à un tel résultat, des examens ont été réalisés auprès de momies exhumées en 1963 au Soudan. Les analyses effectuées sur les os ont révélé la présence de tétracycline, un antibiotique sécrété par la bactérie Streptomyces. À noter qu'aujourd'hui, ce dernier est toujours utilisé, notamment dans le traitement des infections de la peau et quelques pathologies sexuellement transmissibles. Pour les scientifiques, le taux de tétracycline présent dans les os était si élevé que la piste de la contamination extérieure a été abandonnée.
Une consommation de tétracycline volontaire
En somme, seule une consommation assidue pouvait expliquer pareil phénomène. Mais, dans ce cas, se sont demandé les scientifiques, comment les Nubiens ont-ils procédés pour l'absorber ? Au fil de leur étude, les chercheurs sont parvenus à identifier la provenance de l'antibiotique : des graines de céréales utilisées dans la fabrication de la bière ont fait office de réceptacle. Celles-ci ont ainsi été contaminées par la bactérie Streptomyces au cours du brassage de la bière. Grâce à la fermentation, était produite de la tétracycline détruisant les autres bactéries.
Résultat : étant donné le volume de tétracycline découvert sur les momies, les Nubiens étaient très certainement conscients de ce qu'ils faisaient. Même si ceux-ci ne savaient sans doute pas encore ce qu'était la tétracycline, ils s'étaient donc déjà aperçus de son bienfait sur l'organisme. Longtemps avant Alexander Flemming et sa pénicilline, les Nubiens seraient de fait les premiers à avoir découvert un antibiotique. Entre temps, plusieurs vertus nutritives ont été attribuées à la deuxième boisson la plus consommée du monde, sans compter des effets diurétiques et préventifs contre les maladies cardiovasculaires ou encore le diabète.