Comme chaque année, à un mois du baccalauréat, c'est l'effervescence autour des sujets susceptibles de tomber. Tant et si bien que les rumeurs les plus folles abondent : il y a les sujets qui vont, il y a de très fortes chances, (peut-être) tomber et les autres qui (probablement) ne tomberont pas. Problème : ce jeu de prédiction entretient un rapport plus étroit avec les diseuses de bonne aventure qu'avec la science…
Pour vous éviter de passer à côté du précieux sésame et ainsi vous laisser enivrer par le charme vénéneux des sujets probables, voici quatre bonnes raisons.
Parce que croire au sujet probable, c'est faire fausse route
Vous n'en avez sans doute pas conscience ou préférez ne pas le reconnaître, mais se mettre en tête que tel ou tel sujet va tomber plutôt qu'un autre, c'est en réalité vous donner l'opportunité de faire l'impasse sur des thématiques tout aussi cruciales. Évidemment, privilégier un sujet plutôt qu'un autre est une erreur, et aucun enseignant ne vous invitera à procéder de la sorte.
Non, les sujets ne sont pas sélectionnés en fonction de l'actualité
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les sujets ne sont pas choisis par rapport à l'actualité du moment. D'ailleurs, les correcteurs du baccalauréat verraient d'un mauvais œil des paquets de copie se référant à une même actualité, par ailleurs mal maitrisée. Pour cette raison, les personnes sélectionnant les sujets en tiennent compte et évitent ce piège. À l'inverse, ils choisissent des sujets liés avec les programmes, qui sont en moyenne mis à jour tous les quatre ans et ne représentant donc pas vraiment une actualité chaude.
Non, les sujets choisis ne se déduisent pas en fonction des années précédentes
S'imaginer que les sujets s'apprêtant à tomber peuvent se déduire des années précédentes, c'est croire que le futur est en quelque sorte déjà inscrit dans le passé. Cette technique de déduction, bien souvent vantée par les éditeurs mettant en avant les sujets probables, s'appuie sur un raisonnement simpliste. Pour eux, dans la mesure où un sujet n'est pas tombé, c'est donc qu'il peut tomber, ou inversement. Or, cette année, inutile de s'adonner à cet exercice étant donné que dans certaines matières, les programmes et méthodes d'évaluation ne sont plus les mêmes. Résultat : il n'y a donc plus d'historique sur lequel s'appuyer. C'est notamment le cas pour l'histoire-géo, les SES ou encore la physique-chimie.
Quoiqu'il en soit, la réalité est tout autre : les sujets choisis sont en fait tirés au sort parmi des sujets préparés durant l'hiver. Le choix final n'est donc autre que le fruit du hasard.
Non, les correcteurs ne vous jugent pas seulement sur vos connaissances
Penser qu'un sujet est plus susceptible qu'un autre de tomber, c'est s'imaginer que les correcteurs du bac ne vous jugeront que sur la base de vos connaissances. Si ces derniers peuvent évidemment s'attendre à ce que vous soyez en mesure de citer un ou deux auteurs et quelques dates après douze années d'étude, la chose primordiale que va évaluer votre correcteur est avant tout vos compétences. Autrement dit, le plus important est entre autres que vous soyez en mesure de forger un raisonnement rigoureux, ou d'exprimer correctement des idées dans une langue étrangère. Moralité : l'évaluation outrepasse la limite du sujet en soit, qu'il soit probable ou non.
Et n'oubliez pas : au même titre que le baccalauréat en lui-même, cette question des sujets probables – discussion de comptoir par excellence au café du lycée autour de laquelle bon nombre d'élèves aiment à cultiver le psychodrame – n'est autre qu'un rite initiatique, sorte de clé de voûte d'un passage à l'âge adulte. Reste que pour espérer vous donner un avenir, il vous faudra oublier le passé. Mais attention, ce sujet ne tombera pas puisqu'il est déjà tombé.
Sources : Blog Mention Très Bien, Le Monde, L'Étudiant