Le souhait de tout jeune parent, après avoir eu l'enfant parfait, est que ce dernier sache bien parler. Et pour cela, les techniques et "trucs" divers s'accumulent depuis des années. Entre les exercices de prononciation et la mémorisation des mots, la tâche ne s'avère pas toujours très simple. Aussi, des scientifiques américains se sont penchés sur le sujet. Leur conclusion : parler avec les mains améliore considérablement l'apprentissage de la langue.
Paradoxe : alors que parler avec les mains est considéré comme un signe de mauvaise compréhension des mots et d'une difficulté à les employer, une étude américaine annonce que pour les jeunes enfants, c'est un moyen de mieux les apprendre.
L'étude s'est tournée vers une cinquantaine de familles américaines. Les parents étaient filmés avec leurs enfants âgés de 14 à 18 mois afin de comparer la qualité du vocabulaire employé, les temps de parole et le nombre de mots adressés à l'enfant par minute.
Faut-il maitriser beaucoup de mots pour que son enfant parle bien ?
Première conclusion : la qualité des informations est indépendante de la quantité des mots employés. L'enfant ne peut emmagasiner le lexique d'un adulte. Aussi, ce n'est pas parce que vous parlerez avec un vocabulaire très diversifié et soutenu que votre enfant parlera mieux. Parmi tous les mots que vous employez, il ne fera pas forcément le lien entre le terme et l'objet qu'il désigne. Alors, si en plus vous parlez en synonymes… Ainsi, la quantité de mots ne détermine pas la qualité de son langage.
Faut-il lui parler souvent pour qu'il retienne davantage ?
Autre découverte, la qualité du vocabulaire est à séparer du niveau de vie ou d'éducation. Les études montrent que, statistiquement, un médecin parle davantage à son enfant qu'un ouvrier. Aussi, le fils du médecin aura davantage d'informations transmises. Cependant, la qualité des informations n'en est pas pour autant améliorée. En d'autres termes, parler plus souvent à un enfant lui permet d'acquérir davantage de vocabulaire si tant est qu'il le comprenne et visualise réellement le référent.
Qualité du vocabulaire : le rôle de l'image physique
La meilleure manière de bien apprendre à un enfant à parler serait donc de désigner le plus possible les objets que vous évoquez. Les descriptions ou les souvenirs sont des exercices encore trop difficiles et il vaut mieux montrer une photo que de faire des raccourcis. S'il se demande ce qu'est un corbeau, montrez-lui une photo, car ce n'est pas simplement un oiseau. Avec l'image, vous n'aurez pas besoin de décrire l'animal et l'enfant retiendra davantage le terme "corbeau" puisqu'il saura à quoi il renvoie. Vous pourrez alors lui expliquer les caractéristiques de cet oiseau en particulier, et son vocabulaire en sera enrichi, tout comme son appréhension du monde.
Vocabulaire et entrée à l'école
Le nombre de mots qu'un enfant connait en entrant à l'école est très variable. Certains maitrisent tout juste ce qu'il faut pour s'exprimer, d'autres ont un vocabulaire plus riche, qui leur permet d'être plus précis et plus nuancé. En effet, outre un mélange complet des mots, dû à un trop-plein d'informations abstraites, les "mots-valises" ne facilitent pas la tâche : aucune subtilité n'est désormais maitrisée. Un mot valise, c'est un terme qui détient de nombreuses significations, en fonction de l'intonation ou du contexte, et plusieurs façons d'être employé. C'est le principe de l'argot.
Le danger des mots valises
Prenons le mot "fou" par exemple : il peut signifier "fou" tout simplement, mais aussi "génial" (ce film est fou), "incroyable" (il a battu le record, c'était fou), "coléreux" (mon père a hurlé, c'est un fou), téméraire, courageux, imprudent (termes à la limite du contradictoire...), amusant, inhabituel… Bref, "on se comprend". Une étude relayée par Le Monde avait défrayé la chronique en 2005 lorsqu'un linguiste avait déclaré que les jeunes ne maitrisaient aujourd'hui qu'environ 400 mots, voire moins. Alors qu'on estime que, pour se faire bien comprendre, la moyenne serait de 2 500 mots.
Nous savons que la sphère sociale (niveau de vie, origine, centre d'intérêt, religion, échelon dans l'entreprise etc…) n'a rien à voir avec la qualité du langage : cela dépend notamment de l'apprentissage étant jeune, et de la facilité à visualiser immédiatement l'objet désigné. Même s'il s'agit de sentiments ou d'émotions. Aussi, vous pourrez parler des heures avec votre bébé avec les mots les plus policés, s'il ne les comprend pas ou ne visualise pas ce à quoi ils font référence, il ne les retiendra jamais.
Sources : Le Figaro ; PNAS ; Le Monde