Le smartphone contrôlable par la vue date déjà de l'Âge de Pierre, car désormais, l'Homme est capable de contrôler une machine uniquement à l'aide de ses neurones. Plus proche de la science fiction que de la télékinésie ou de la magie, cette nouvelle technologie a montré un franc succès lors des essais sur 5 personnes au Minnesota : elles ont pu diriger un hélicoptère, juste en imaginant sa conduite.
Des chercheurs américains ont mis en place un projet pour le moins déroutant. Leur challenge : parvenir à diriger un drone d'hélicoptère - les essais sur la version grandeur nature ne sont pas encore d'actualité - avec la seule force de l'esprit. Pour ce faire, ils ont fabriqué une sorte de casque, rempli d'électrodes qui se connectent au système nerveux. L'objectif est de redonner aux paralysés l'usage de leurs membres et d'améliorer le quotidien les personnes touchées par des maladies neuro-dégénératives.
La toute puissance de nos pensées anodines
Lorsque vous imaginez que vous fermez votre main droite ou votre main gauche, votre cerveau s'active, mais ne sollicite pas les mêmes zones. Aussi, sans visualiser réellement l'image de la main qui se contracte, il est possible de détecter une activité neuronale correspondant à chaque action imaginée. Cette activité nerveuse est traduite par un encéphalogramme (un graphique de courbes) grâce au casque. Celui-ci contient 64 électrodes qui enregistrent l'activité neuronale de celui qui le porte.
A chaque activité du système nerveux est associé un mouvement pour l'hélicoptère. Ce petit drone tournait donc à gauche lorsque le cobaye s'imaginait fermer son poing gauche, à droite lorsqu'il visualisait son autre main, et décrivait différents mouvements en fonction de ce que s'imaginaient le porteur du casque. Les "ordres" étaient envoyés par Wifi, et le "pilote" suivait le parcours de la machine à l'aide d'une caméra embarquée. C'est la première fois que l'Homme peut contrôler aussi bien (90 % selon les scientifiques) une machine à distance par la seule force de son cerveau.
En effet, des chercheurs de l'Université de Zhejiang à Hangzhou, en Chine, avaient déjà réalisé une expérience similaire dont les résultats avaient été publiés en août 2012 par le New Scientist. Leur drone pouvait se contrôler, mais aussi prendre des photos si l'utilisateur clignait des yeux un certain nombre de fois. Cependant, bien qu'innovant et spectaculaire, leur rendu était moins précis dans ses mouvements que son successeur américain.
Et la voiture connectée au cerveau dans tout ça ?
A terme, cette technologie est prévue pour réduire la paralysie des grands handicapés : en contrôlant des bras robotiques ou une chaise roulante par exemple. Cela pourra notamment soulager des personnes comme Vincent Humbert, le jeune homme tétraplégique qui avait demandé au Président de la République son "droit de mourir".
Les techniques existantes ont l'inconvénient d'être "invasives" c'est-à-dire qu'elles nécessitent une opération. Le casque, lui, se pose simplement sur la tête. Les mouvements divers seraient alors enregistrés afin que la prothèse réponde au bon vouloir du concerné. Le seul inconvénient sera peut-être le souci esthétique qui, finalement, pourra aisément être évincé par le port d'un chapeau.
Et, qui sait, si cette technologie fait ses preuves, peut-être sera-t-elle intégré plus largement dans le quotidien, et le contrôle des machines se ferait de façon cérébrale. Nous pourrions alors conduire notre voiture ou appeler l'ascenseur rien qu'en y pensant.
Source : New Scientist ; Le Figaro