D'ici un peu moins d'une dizaine d'années, des puces biodégradables microscopiques permettront d'effectuer un grand bond en avant, aussi bien dans le domaine de la médecine que celui de la recherche environnementale.
Aujourd'hui, nombreux sont les pays développés où les infections postopératoires restent la première cause de réhospitalisation. Bonne nouvelle : ce phénomène ne sera probablement bientôt plus qu'un mauvais souvenir, avec l'arrivée de puces éphémères. Non toxiques et solubles (au même titre que la soie, le magnésium ou encore le silicone), ces puces minuscules et contrôlables à distance pourraient être à même de déceler la formation de bactéries au niveau d'une entaille. Grâce à une augmentation de température localisée (de l'ordre de 5 degrés), ces micro-appareils parviendraient à neutraliser les bactéries. Deux semaines plus tard, à l'issue de la cicatrisation, la puce serait ensuite dissoute dans les fluides corporels.
Pour l'heure, cette technique thérapeutique révolutionnaire n'a pu être réalisée que sur des rats de laboratoires. Présentée par une équipe de chercheurs américains, l'expérimentation a fait les gros-titres de la célèbre revue Science. Il faudra néanmoins attendre deux ou trois ans avant de voir les premiers essais se concrétiser sur des sujets humains. Multidisciplinaire, le projet rassemble des chercheurs en électronique mais également en biophysique. À noter que cette expérience financée par la Defense Advances Research Projects Agency comprend également la mise au point d'une minicaméra biodégradable (!). Aide au diagnostic, observation… les applications médicales d'une telle innovation semblent infinies.
Mais avant d'être introduites dans le corps humain, ces nanotechnologies vont servir à recueillir des informations sur le climat ou encore sur l'impact de catastrophes naturelles ou humaines. Ainsi, en dispersant quelques milliers de ces puces dans l'océan juste après une marée noire, il sera possible d'observer l'évolution de la pollution et pourquoi pas de cibler le nettoyage à tel ou tel endroit.
Disponible d'ici deux ou trois ans, cette technologie pourrait par ailleurs apporter son lot de révolutions en matière de télécommunications. Les chercheurs annoncent en effet que les consommateurs de téléphonie mobile pourront prochainement changer d'appareil tous les 18 mois sans culpabiliser, en jetant simplement leur ancien modèle dans un tas de compost. Toutefois, la route est encore longue avant de parvenir à mettre au point des matériaux biodégradables aussi complexes que la technologie électronique équipant un smartphone.