Bricolage : les jeunes s’en mêlent ! (Sans s’emmêler les pinceaux)

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Bricolage : les jeunes s’en mêlent ! (Sans s’emmêler les pinceaux) / iStock.com - nyul
Bricolage : les jeunes s’en mêlent ! (Sans s’emmêler les pinceaux) / iStock.com - nyul

Parents, si vous vous désespériez de voir vos enfants passer des heures sur l’ordinateur, rassurez-vous : cela ne va pas durer. Finis (ou presque) les jeux-vidéos, les jeunes se mettent au bricolage ! C’est en effet ce que démontre une étude récente du marché du bricolage. Plus précisément, cette analyse relève que les 18-30 ans redécouvrent le plaisir du « fait-main ».

Mais qui donc sont ces jeunes gens qui se consacrent au bricolage ?

Si jusqu’ici vous imaginiez plus facilement un jeune armé d’une souris que d’un tournevis, il va falloir revoir vos clichés. Car les 18-30 ans sont désormais tout aussi enclins à se constituer une caisse à outils qu’à collectionner les jeux-vidéos. Leur comportement, toutefois, se différencie largement des bricoleurs « traditionnels ». Un jeune recherche en effet l’efficacité avant tout. S’il ne rechigne pas à la tâche et n’a pas peur d’entamer un gros chantier, il voudra néanmoins que ce dernier soit vite achevé. D’où une recherche incessante de techniques innovantes et pratiques. L’idée est de toujours rationnaliser le temps imparti à l’activité. Eh oui, le temps, c’est de l’argent !

C’est d’ailleurs principalement ce souci d’argent qui fait que les jeunes se tournent vers le bricolage. Pour eux, bricoler, c’est avant tout économiser. Ils n’hésitent alors pas à acquérir un nouveau logement : ils pourront toujours l’améliorer eux-mêmes. De fait, ils sont plus attirés par le bricolage à visée décorative que par les activités plus techniques. Ainsi, le mobilier n’est plus un problème puisqu’il suffira de récupérer la vieille armoire de Grand-Mère et de la mettre aux goûts du jour. De même, si le papier peint ne leur plaît pas, ils n’auront aucun scrupule à le personnaliser.

Bien plus, l’étude d’Unibal (Union Nationale des Industriels du Bricolage, du Jardinage et de l’Aménagement du Logement) discerne trois profils distincts de jeunes bricoleurs. Le bricoleur-né, tout d’abord, a quasiment vu le jour avec un marteau dans la main. Initié au bricolage dès l’enfance, il sait manier tous les outils et n’a pas peur de se confronter à de nouvelles techniques. De fait, il bénéficie d’un large réseau d’entraide auquel il fera appel, si besoin. Le « digital-débrouillard », quant à lui, trouve surtout les informations et son inspiration sur Internet. Il voit dans le bricolage un aspect ludique et valorisant. Il est très motivé et sait pouvoir compter sur le digital pour s’aider. Enfin, le réfractaire ! Lui ne bricole pas. Il n’aime pas ça. En revanche, il n’hésite pas à solliciter ses proches et amis.

Le bricoleur « digital-native » n’est plus un oxymore : le pinceau 2.0

Le digital-bricoleur semble être la nouvelle norme chez les jeunes. Internet est non seulement là pour les aider à concevoir leur projet, à le réaliser mais également à le partager. Nombreux en effet sont ceux qui apprennent sur le tas. S’ils ne savent pas utiliser une scie-sauteuse, pas de souci : Internet est là ! Les médias, les tutos et même les coachs se sont spécialisés dans cette activité et transmettent des informations utiles et pratiques à qui souhaite se lancer. Les réseaux sociaux sont également là pour inspirer les jeunes bricoleurs et leur fournir des guides « pas à pas . En résulte que le bricolage devient facile, ludique et à la portée de tous.

Et le lien entre le digital et le bricolage ne s’arrête pas là ! On remarque en effet une très nette tendance au « research online ». Les jeunes, élevés à l’achat sur Internet, font leur recherche de nouveaux outils sur ce support. Étonnamment toutefois, ce n’est pas sur le Net qu’ils achètent. Après avoir repéré les outils qu’ils veulent acquérir, ils se rendent en magasin pour bénéficier d’un dernier conseil avant achat. Un comportement surprenant il est vrai quand on connaît la propension qu’ont les jeunes à acheter en ligne d’ordinaire.

Enfin, Internet renforce l’aspect valorisant du « fait-main » puisqu’il permet de partager le résultat de son travail. La génération selfie n’hésite pas à afficher ses réalisations, tout simplement parce qu’elle en est fière. Facebook, Pinterest et même Instagram sont les biais par lesquels on recherche une valorisation de son travail et, par là-même, une valorisation personnelle. Ainsi, on poste une photo de sa réalisation afin de demander leur avis aux internautes… avis que l’on espère, bien entendu, positif. Le bricolage n’en perd pas pour autant son caractère utile même s’il gagne en plaisir.

Le bricolage rajeunit : vers une redéfinition du marché

La redécouverte du bricolage par les jeunes s’inscrit dans un contexte très particulier de recherche de plaisir et surtout de plaisir sain. De même que l’on semble redécouvrir les bienfaits des produits bios et locaux sur la santé, on se tourne vers des activités saines, qui joignent l’utile (décorer son appartement) à l’agréable (valorisation du « fait soi-même »). Et les jeunes de 18-30 ans ont précisément été élevés dans cet hédonisme si caractéristique de notre société. C’est donc tout naturellement qu’ils l’appliquent au bricolage.

Parce que les jeunes se mettent au bricolage, ils en parlent. Parce qu’ils en parlent, ils l’imprègnent de leur culture, une culture qui tend à gommer les différences genrées (entre autres) qui teintaient ce marché jusqu’à présent. Non, cette activité n’est plus réservée aux hommes ! Bien plus, on observe une certaine féminisation du marché. La tendance va en effet aux activités créatives, bricolage traditionnellement plus féminin. Bien plus, les jeunes femmes tirent une certaine satisfaction à manier perceuse et tournevis. Enfin, elles sont souvent les premières à partager leurs réalisations sur les réseaux sociaux. D’où cette sensation d’une féminisation du marché.

Par conséquent, ce dernier se modifie car les jeunes d’aujourd’hui sont les séniors de demain. Recherche de satisfaction, de personnalisation donc. Recherche de socialisation également parce qu’on bricole entre amis ou en famille et qu’on partage le résultat de son labeur. À charge des professionnels de s’adapter à ces évolutions (favorables, il faut le dire) pour mieux répondre à la demande.