Qu'il soit petit, noir et corsé, ou grand, sucré, avec une goutte de lait, le café est en France une boisson devenue traditionnelle. Il se décline sous de multiples formes et diverses saveurs. Chez soi, au bureau ou au bistrot, il rythme la journée. Cependant, nul besoin de café pour ingérer de la caféine, et collégiens, lycéens ainsi que les plus jeunes en boivent toute la journée, ne serait-ce qu'à travers les boissons énergisantes ou les sodas. Or, la caféine n'aurait pas le même effet sur les hommes et sur les femmes.
Des chercheurs de l'université de Buffalo se sont penchés sur ce sujet à cause de la tendance américaine consistant à ajouter de la caféine dans tous les produits. En effet, le 3 mai dernier, le régulateur américain des aliments et des médicaments, la FDA (Food and Drug Administration) s'est alarmée sur l'alimentation états-unienne, jugeant l'accroissement de produits caféinés "dangereux" et "très dérangeant".
Des effets différents en fonction du sexe ?
En effet, de plus en plus de produits alimentaires, hors boissons, détiennent désormais de la caféine dans leur composition. Il s'agit de chips, de sirop d'érable, mais aussi de flocons d'avoine et même des chewing-gums lancés par le groupe Mars. Pour le directeur de la FDA, certains groupes alimentaires se rapprochent de plus en plus de la ligne jaune, car "avoir un paquet de ces chewing-gums revient à avoir 4 tasses de café dans votre poche", explique-t-il. La caféine se répandant de plus en plus, l'équipe de Jennifer Temple a voulu en observer les effets sur des adolescents. L'étude, relayée par le Figaro, s'adresse à 96 garçons et filles.
Ces derniers, après avoir absorbé soit un café, soit un placebo, ignorant bien évidemment la présence de placebos, ont effectué quelques tests. Les adolescents ayant pris de la caféine ont été meilleurs dans les tests de mémoire que leurs camarades. Plus troublant, les filles caféinées ont été meilleures dans les tests de reconnaissance de mots et de réactivité que les garçons. La conclusion de l'étude laisse le scientifique français épris de doute : les effets de la caféine seraient différents en fonction du sexe. Pourtant, cette distinction avait déjà été montrée par Karen Ritchie et son équipe, dont l'étude portait sur plus de 4 000 femmes et plus de 2 000 hommes. Les effets de la caféine étaient différents en fonction du sexe : chez la femme, elle créait un effet protecteur.
Ces résultats rejoignent les conclusions d'Astrid Nehlig, chercheuse spécialisée dans les effets du café à l'Inserm, pour qui la caféine "augmente la sensation de bien-être et de relaxation". Pour le professeur Costentin, membre des Académies nationales de pharmacie et de médecine, la seule explication plausible serait que le garçon et la fille aient un traitement de l'information différent, dont les distinctions ressortiraient davantage sous l'emprise de caféine. Pourtant, la rapidité de réaction changeait en fonction du cycle menstruel. Les résultats de l'étude suggèrent donc que la réponse aux hormones stéroïdiennes diffère bel et bien en fonction du sexe.
Des effets différents en fonction de la personne
Comme tout, la caféine doit être abordée avec modération et distance. De nombreuses études sur le sujet ont déjà mis en évidence l'abondance d'effets bénéfiques du café sur certaines maladies, comme le diabète, Alzheimer, Parkinson et même certains cancers. Il était auparavant accusé d'être la cause de ces maladies. Pourtant, bien que son honneur soit lavé, la caféine n'est pas pour autant un aliment miracle et il faut la consommer avec modération.
Lorsqu'elle est consommée avec de l'alcool, à travers des sodas, les effets de la caféine évitent au gros buveur de faire un coma éthylique. Cependant, son comportement sera davantage dangereux et agressif envers les autres. Alors que la dose journalière recommandée ne doit pas dépasser les 300 mg, soit 3 tasses de café filtré (ou 5 expressos), certaines personnes peuvent être plus sensibles à la caféine du fait d'un état particulier, notamment les femmes enceintes, ou d'un état de santé plus fragile, et doivent alors en boire en moindres doses, les effets pouvant être tragiques (crises d'angoisse, hypertension…).
La FDA rappelle que depuis qu'elle a autorisé l'ajout de caféine dans les boissons, dans les années 50, la caféine dans les aliments n'a pas été réglementée. Elle y songerait en constatant que les grandes marques de produits alimentaires se sont jetées dans la brèche. En 2010, la FDA interdit la caféine dans les boissons alcoolisées, et en 2012 se penche sur les boissons énergisantes, dont la consommation serait responsable de plusieurs décès, rappelle le Monde.
Sources: Inserm ; Le Figaro ; Le Monde ; eurekalert.org