Les deux géants californiens de l'informatique engagent une nouvelle bataille pour le marché des ordinateurs portables. Le nouveau Chromebook, la gamme de laptop développée par Google, sera capable de concurrencer le MacBook sur son terrain : matériel haut de gamme, écran tactile et accessibilité réseau maximale. Quelques bémols cependant : le lancement de l'ordinateur précède la mise au point d'un environnement de travail adéquat, la machine n'est disponible qu'en ligne, et pas encore en France.
Jusqu'ici, les ordinateurs de la marque Chromebook, lancée par Google en 2010, étaient fabriqués par les groupes Acer, Lenovo, Samsung ou HP. Leur caractéristiques et capacités étaient proche des entrées de gamme, et ils fonctionnaient avec le système d'exploitation de Microsoft, Windows. Cette nouvelle gamme va utiliser Chrome OS, le logiciel maison de Google qui est beaucoup moins apprécié qu'Android sur les smartphones. Même si le système a évolué depuis sa création, il n'est pas encore adapté aux modes de consommation des utilisateurs de portables : ne comportant presqu'aucune application et très peu de programmes, il est entièrement tourné vers un usage connecté au Web.
Un parti pris qui dérange
Ce choix de promouvoir les nouvelles technologies de l'information, en misant tout sur le réseau et très peu sur les usages hors-connexion, Google l'a fait dès la conception du produit : pour garder les caractéristiques techniques au plus proche de ce qu'Apple fait de mieux, le Chromebook a été prévu pour contenir 32 Go de mémoire (contre 128 Go pour le MacBook Pro) et en échange, Google offre à ses utilisateurs 1 000 Go (1 To) de mémoire sur le Cloud Google Drive. Problème : la version actuelle de Chromebook ne permet de se connecter qu'en Wi-Fi, le pack 4G-LTE n'arrivant qu'en avril (et pour 1 449 €) ! L'utilisation de ce portable risque donc de se heurter au problème de la connexion internet si celle-ci est nécessaire pour travailler, et, même si on avance vers ça, on ne trouve pas encore de Wi-Fi partout.
Google mise donc beaucoup sur un produit qui constitue un pari risqué : lancer un ordinateur dont le fonctionnement nécessite une connexion internet, sans qu'il soit équipé d'une solution de connexion au moment de sa sortie. Par ailleurs, le choix d'un matériel haut de gamme fait monter le prix jusqu'à atteindre celui des MacBook, mais ceux-ci bénéficient d'une image de marque irréprochable, et ce n'est pas encore le cas du Chromebook (au contraire, celui-ci était le nom d'une entrée de gamme). On peut alors se demander si les consommateurs s'y retrouveront, et s'il n'aurait pas été plus judicieux de changer de nom. Surtout, il faudra que Google développe rapidement un environnement de travail performant, ou qu'il améliore la connectivité de son bijou, faute de quoi il pourrait bien ne jamais trouver son public.