Contrairement au chiffre de 10 000 précédemment retenu par la science, l'homme pourrait en distinguer au moins 1 000 milliards, selon une étude américaine tout juste publiée.
Depuis des décennies, la science estimait que notre nez était capable de différencier quelque 10 000 odeurs. Mais celle-ci était alors très loin du compte, à en croire une récente étude : selon Leslie Vosshall, directrice de l'Université Rockfeller à New York et par ailleurs co-auteur des travaux de recherche, le total atteindrait mille milliards (un billion).
Vous l'ignoriez peut-être, mais notre nez intègre pas moins de 400 détecteurs olfactifs, alors que l'œil peut, grâce à trois récepteurs de lumière, voir jusqu'à 10 millions de couleurs, et l'oreille distinguer 340 000 sons. Cependant, l'odeur est nettement plus complexe à analyser que la vision et l'audition. Pourquoi ? Parce que chaque senteur est composée d'un cocktail complexe de molécules. À titre d'exemple, la rose possède 275 composants, mais seuls quelques-uns d'entre eux sont reconnus par les détecteurs.
Une capacité sous exploitée au fil du temps
Pour mener à bien cette étude, les scientifiques ont mélangé 128 molécules à l'origine d'effluves distinctes (agrumes, herbe, anis, menthe) et ont demandé à des volontaires de différencier les mélanges. Résultat, 264 combinaisons ont été mises au point. Comme l'indiquent dans leur conclusion les chercheurs, ces odeurs ne devaient pas être facilement reconnaissables, raison pour laquelle une bonne partie des mélanges élaborés étaient bizarres et pas très agréables. L'idée était que les bénévoles se concentrent fortement.
À l'aide de ces échantillons et calculs statistiques, les scientifiques ont estimé quel nombre d'odeurs une personne moyenne était capable de distinguer, lorsqu'on lui proposait l'ensemble de ces combinaisons. Le chiffre de mille milliards a alors été évoqué. Pour Andreas Keller, le principal auteur de la recherche, la réalité est sans doute au-delà, sachant qu'il existe beaucoup d'autres molécules odorantes de par le monde.
Cette faculté n'est pas nouvelle puisque nos ancêtres utilisaient largement leur nez au quotidien. C'est d'ailleurs à mesure que le temps passe que cet usage est devenu moins important que la vue ou l'audition. Nul doute que le développement de l'hygiène corporelle a limité les effluves du monde contemporain. Compte tenu du fait que l'odorat est relatif au comportement humain, les scientifiques veulent analyser leurs résultats pour en savoir plus sur la façon dont le cerveau décortique ces informations.
Sources : sciencemag, hitek