Le problème avec les menteurs, c'est qu'on ne sait jamais quand ils mentent. Partir du postulat que chaque parole du menteur est un mensonge serait une grave erreur, car le menteur dit parfois la vérité. Mais déjà, l'identification du menteur est un atout : vous savez que la méfiance est de mise. En revanche, repérer un menteur dans votre entourage ou lors d'une première rencontre n'est pas toujours facile. Heureusement, même les plus expérimentés se trahissent. Voici quelques signes qui vous permettront de savoir si votre interlocuteur est honnête, et quelques pistes pour le piéger.
Le mensonge est étudié sous toutes ses formes depuis des années. Selon certaines études, le mensonge serait un exercice mental à part entière, une réflexion réelle. Cependant, d'autres études ont montré que l'habitude du mensonge rendait celui-ci quasiment indiscernable de la vérité. Heureusement dans la vie courante, des signes persistent.
Les yeux, miroir de l'âme
Afin de mettre le menteur en condition de faiblesse, posez des questions ouvertes. Une question fermée n'accepte comme réponse que "oui" ou "non". Une question ouverte demande inévitablement une phrase complète. Elle commence généralement par "comment" "qu'est-ce que" ou "pourquoi" : je suis gros ? (question fermée) que penses-tu de mon embonpoint ? (question ouverte). Le menteur aura tendance à détourner le regard ou à baisser les yeux lors de sa réponse. A contrario, un menteur expérimenté sait tenir le regard et, en situation, maintiendra ses yeux dans les vôtres de manière exagérée.
Le corps, reflet du malaise
Le corps reflèterait lui aussi la tension entre le discours et la vérité. Cela se traduit dans les gestes, comme dans l'attitude. Les émotions, par définition non réfléchies, provoquent des gestes inhabituels et impulsifs : un colérique tapera du poing, dans une situation de dégoût la personne détournera sa tête ou fera une moue faciale, etc. Les émotions sont des réflexes et se peignent immédiatement sur le visage : la colère, le dégout, la joie, la tristesse ou encore la surprise, explique le psychologue judiciaire Michel St-Yves dans sa psychologie du mensonge.
Aussi, tâchez de provoquer ces émotions et de comparer le discours qui suivra avec les signes exprimés. Même un discours très bien préparé ne l'est jamais assez pour lutter contre un réflexe. Le menteur prétendant ressentir une certaine émotion sera détectée de 2 façons : un petit laps de temps entre la surprise et la réaction, et la non coordination entre geste et discours. Cependant, c'est surtout dans les signes verbaux que le mensonge se repère.
Le temps de réponse
Le réflexe trop long est l'un des signes les plus courants de la tromperie, explique Eric Goulard, formateur en communication. Vous posez une question un peu déroutante à votre interlocuteur. Si celui-ci ne répond pas tu tac au tac, vous saurez que, s'il ne s'agit pas d'un mensonge à proprement parler, il ne s'agit pas non plus de la vérité. Dans un entretien d'embauche par exemple, si vous parlez des expériences professionnelles et que soudain, vous demandez le nom de l'école ou du lycée, le candidat devrait répondre naturellement.
S'il ment cela se verra de 2 manières : soit l'information bloque car cela lui demande une réflexion, le réflexe sera trop long, soit au contraire il a appris par cœur son texte et répond plus vite que quelqu'un d'honnête, à qui quelques millisecondes sont nécessaires pour se remettre dans le nouveau contexte. De la même manière, si vous demandez à un vendeur si le produit est vraiment bon et qu'il reste bouche-bée même une fraction de seconde, vous saurez.
La voix et le discours
Le timbre de la voix joue lui-aussi un rôle très important. Si votre interlocuteur change brusquement de voix (grave à aigu et inversement), de cadence de parole (accélère ou ralentit) ou de registre verbal (populaire, soutenu…), cela doit vous alerter immédiatement. Cela n'est pas forcément signe d'un mensonge, mais d'un malaise. C'est ce malaise qui provoquera ensuite le mensonge.
De plus, le menteur aura tendance à "noyer le poisson". Faites très attention aux tournures des phrases : une réponse peu claire peut cacher beaucoup d'informations. Si le menteur emploie ces tournures alambiquées, c'est pour ne pas se faire repérer et rester évasif : "peut-être", "environ", "à peu près", "sembler", "paraitre", etc… De plus, le discours énoncé sera incohérent si vous changez de mode d'énonciation, entre le dessin et la parole par exemple, en changeant de point de repère, en lui demandant de raconter la même chose à l'envers, etc.
Ne vous trompez pas de cible
Attention cependant : si les signes corporels sont des indices, ils ne sont pas des preuves pour autant. De plus en plus de psychologues s'accordent à dire que le mensonge se détecte mieux par les signes verbaux. Pour avoir quelques chiffres en tête et briser certaines idées préconçues, sachez que les femmes mentent autant que les hommes. Quel que soit le sexe, les adultes mentiraient en moyenne 2 fois par jour, ce qui représente 25 % de leurs interactions sociales. Cependant, les femmes et les hommes mentent de manière différente : le mensonge féminin est altruiste "mais non tu n'es pas gros", tandis que le mensonge masculin est égoïste "oui oui je suis sorti major d'HEC".
D'après une étude anglaise effectuée sur 5 000 femmes, 96 % reconnaissent mentir à leur conjoint : 1 sur 2 admet que si elle tombait enceinte d'un autre elle ne le dirait pas au conjoint, et 42 % confessent qu'elles seraient capables de mentir sur leur contraception pour avoir un enfant, n'en plaise au conjoint ; 8 femmes sur 10 reconnaissent mentir au moins une fois par jour. Les hommes, qui mentent autant, détournent la vérité à leur profit, pour paraître meilleur que les autres. De plus, les signes de la tromperie peuvent être présentés par quelqu'un d'honnête qui panique, ou pense qu'on ne le croit pas.
Sources : Psychotémoins ; JDN et Michel de St-Yves