Aujourd’hui, il n’est pas rare de voir les plus petits régenter toute la vie de la famille. L’enfant-roi impose souvent ses quatre volontés à la maison et peut réagir violemment en cas de refus. Au-delà de son aspect désagréable, ce tempérament reflète avant tout une souffrance profonde. Décryptage.
Tel un despote, l’enfant-roi arrive toujours à ses fins et vient systématiquement à bout de ses proches. Le plus souvent, il se montre intolérant par rapport à la frustration, aux menaces ou à l’intimidation. Les parents ont ainsi beaucoup de mal à le gérer. Pourtant, les psychothérapeutes s’inquiètent sur l’effet à long terme de ce genre de comportement.
Quand les enfants font la loi
Selon les spécialistes, l’enfant-roi entretient en général une “illusion de la toute-puissance infantile”. Cet état se caractérise notamment par une intolérance à la frustration, un sentiment d'insatisfaction, une agitation motrice, une grande instabilité, une absence totale de retenue et des troubles du comportement trahissant une dépression masquée. À ce stade, la situation peut encore être gérée si les parents reprennent rapidement le contrôle et rétablissent leur autorité.
Négligé, le trouble peut devenir pathologique et l’enfant-roi se transformera en un véritable tyran. Dès lors, comme l’expliquent les thérapeutes Hannelore Schrod et Janine Renier, l’intensité de ses réactions témoigne de celle de sa souffrance et de son désespoir. Au-delà des mots, il s'exprimera désormais par des “passages à l'acte violent”. De plus, l’enfant développera progressivement un mécanisme de défense complexe mêlant victimisation, intimidation et chantage émotionnel. À la longue, le tyran finira par prendre des décisions pour l’ensemble de la cellule familiale, comme par exemple l’emploi du temps de chacun ou le choix du programme télé.
Toute-puissance illusoire et souffrances réelles
D’après les psychologues, les enfants-rois sont avant tout des victimes de l’amour démesuré des parents. Ces derniers ont souvent tendance à survaloriser la personnalité de leur petit et à s’effacer devant son omnipotence. Pourtant, à défaut d’être confronté à la réalité de l’autre (ici, l’autorité), il finira par souffrir d’un “excès de moi”. Il se construira ensuite un “hyperego” ainsi qu’une image déformée du monde. Sans repère, ces petits despotes sont souvent voués à l’échec scolaire et social.
En somme, l’impression de toute puissance des enfants-rois est leur principale faiblesse. Ils deviennent ainsi plus vulnérables au choc représenté par l’irréductibilité de l’altérité. En effet, par sa seule présence et son pouvoir de décision, l’autre ne pourra pas être ignoré indéfiniment et s’imposera tôt ou tard comme réel. Face à cette désillusion, les petits tyrans risquent de souffrir d’une forme de dépression particulièrement grave.