Conquérir Mars : un projet du fantasque Elon Musk qui, au vu des progrès réalisés par son entreprise d’aérospatial SpaceX, paraissait peu à peu envisageable aux observateurs les plus circonspects. Mais le milliardaire et entrepreneur a, ce vendredi, annoncé un changement de cap radical : exit la planète Mars, l’entreprise d’Elon Musk est décidée à envoyer l’homme sur… Vénus.
« Mars est devenu un peu mainstream ces derniers temps et, de toute façon, il sera d’ici peu assez facile de s’y rendre. Cela se fera certainement dans les prochaines années. Aussi, je crois qu’il est mieux de se consacrer à des tâches plus difficiles, et qui apporteront davantage à l’humanité. Je pense notamment à Vénus. »
C’est en ces termes que le milliardaire, installé dans sa base aérospatiale du sud des États-Unis, a annoncé vendredi ce revirement dans ses plans de conquête spatiale.
Un projet encore plus fou que Mars
Inutile de dire que cette annonce a fait l’effet d’une bombe : les plus grands fans d’Elon Musk, l’ingénieur extravagant à l’origine de SpaceX et de Tesla, avaient tous les yeux rivés sur cette planète voisine de la Terre, objectif déclaré de leur idole depuis plusieurs années. Dès la fondation de SpaceX en 2002, Elon Musk avait évoqué le projet de se rendre sur la planète rouge avec un vol habité, grâce aux fusées réutilisables. Dix années plus tard, en 2012, le projet se concrétisait avec l’ambition de créer une colonie martienne. Un projet qui suscitait le scepticisme de nombreux spécialistes : le débarquement d’êtres humains sur la planète, actuellement explorée par plusieurs rovers pour y rechercher des traces de vies, paraissait à beaucoup inenvisageable dans un avenir proche. « Au terme de 8 mois de voyage en vaisseau, durant lesquels les passagers seront exposés aux violentes radiations du soleil, comment imaginer qu’un être humain puisse fouler le sol de Mars d’ici quelques années ? Cela pose encore des problèmes insolubles actuellement », réagit un professeur de l’Université du Colorado à Boulder, et spécialiste de l’étude des atmosphères planétaires.
Mais il faut croire que cet objectif ambitieux semble à présent insignifiant au milliardaire. C’est à présent la planète Vénus – plus proche du Soleil que la Terre, et extrêmement instable – qui devient l’objet de sa course interplanétaire : selon des commentaires faits à l’issue de la conférence de presse, M. Musk prévoit d’y envoyer des êtres humains d’ici 2030.
Dans les nuages de Vénus
Durant l’allocution où il a fait cette annonce fracassante, M. Musk n’a pas tari d’éloge sur Vénus, la décrivant comme une planète bien plus séduisante et intéressante que Mars. « Vénus, c’est avant tout une vraie merveille ; cette planète possède une activité volcanique furieuse, et son atmosphère nuageuse est saturée d’acide sulfurique. En fait, tout est en mouvement sur cette planète, c’est ce qui fait son intérêt. » Une « poétique de Vénus » qui n’est pas sans rappeler une célèbre chanson d’Alain Bashung…
Visiblement, les employés de SpaceX, et en particulier les équipes chargées de développer les lanceurs et fusées, étaient au fait de ce revirement du patron et de ce nouvel objectif dans le système solaire. Toutefois, la consigne était un silence absolu – sans doute pour éviter de donner des idées à ses concurrents – et l’information n’a pas fuité.
Interrogé par une journaliste sur l’opportunité de se rendre sur une planète si peu hospitalière, le patron de SpaceX a répondu de façon laconique : « Cette question n’est pas la plus importante pour l’instant. Mais Vénus présente un vrai potentiel d’habitat pour l’homme : nous installerons des colonies dans les nuages de la planète, avec des ballons maintenus dans l’atmosphère. L’objectif est d’avoir une base stable pour pouvoir étudier le potentiel de Vénus de plus près. »
Deuxième planète la plus proche du soleil après Mercure, Vénus est située à 41 millions de kilomètres de l’orbite terrestre. Il s’agit de la planète la plus chaude du Système solaire, la température moyenne atteignant en surface 462 °C. Dotée d’une intense activité volcanique, elle possède en outre une atmosphère saturée d’acide sulfurique dans la couche nuageuse.