Cocaïne, héroïne, cannabis… Ces drogues, vues mille fois dans les films, seraient très en vogue en France. Si les autorités sanitaires et policières n'ont de cesse d'informer des dangers des stupéfiants, le Français, lui, préfère les essayer. Les habitudes changent et la drogue se démocratise.
Ainsi, en Europe, nous sommes près de 85 millions à en avoir consommé au moins une fois dans notre vie – tous types confondus -, et en France, les chiffres augmentent, surtout auprès des jeunes, et dans les milieux festifs.
Un usage généralisé des stupéfiants
L'Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT) a publié le 28 mai 2013 son rapport sur l'évolution et l'utilisation des différents narcotiques en France durant l'année 2012. Se répandant de plus en plus, majoritairement dans les environnements de fête, la drogue touche tout le monde, absolument partout, quels que soient la sphère sociale, l'âge ou les habitudes.
Les drogues qui circulent dans les soirées
Chez les jeunes qui aiment sortir et faire la fête, l'ecstasy reste très prisée, et ce depuis son apparition dans les années 90. Cependant, son équivalent sous forme de poudre, la MDMA, est de plus en plus privilégiée. La diffusion de cet excitant, qui permet de tenir plus de 10 heures éveillé, se voit couper l'herbe sous le pied par les Nouveaux Produits de Synthèse (NPS), moins chers. On appelle NPS les drogues qui ne figurent pas encore dans les registres de stupéfiants : même si ces NPS circulent, c'est comme s'ils n'existaient pas.
On ne connait donc ni leur constitution, ni les effets sur l'organisme à court ou à long terme. Cependant, 73 ont été détectés en Europe, dont une soixantaine en France. Leur tarif est préférentiel à celui d'une drogue que chacun connait et qui présenterait donc davantage de risques à la vente. De plus, Internet propose des prix bien inférieurs à ce que l'on trouve dans la rue, rendant le commerce attractif. Les effets peuvent être variés, et le mystère qui les entoure attire beaucoup de curieux : ces acides permettent de faire la fête sans se sentir fatigué, des heures durant, et donnent une impression de bonheur intense et de flottement. Enfin, les hallucinogènes, naturels ou synthétiques, conservent leur lot de consommateurs, pour "améliorer" la réalité.
Le cannabis, le stupéfiant qui rassemble
Au contraire des speeds, le cannabis apaise et repose, et s'en procurer est une tâche de plus en plus facile. C'est la drogue la plus consommée en France. Avec plus de 13 millions d'amateurs, fumer des joints semble plus que jamais démocratisé. Parmi ces amateurs, un peu plus d'un million de Français, âgés de 11 à 75 ans, en consomment 10 fois par mois. Si le panel de fumeurs couvre toutes les générations, la majorité est jeune, âgée de 17 à 25 ans. Une distinction doit se faire, cependant, entre les jeunes de 17 ans, qui sont mineurs, et ceux de 18 ans, majeurs, car les conséquences devant la loi ne sont pas les mêmes. Pourtant 1 mineur (de 17 ans) sur 2 admet en consommer.
Ainsi, la marijuana est responsable de 90 % des convocations policières pour "usage de stupéfiants", et concentre la majorité des saisies de drogue, avec plus de 54 tonnes en 2012, faisant de l'herbe l'ennemi public n°1. Aussi, pour les Français, le cannabis semble être un produit à consommer chez soi : 80 000 sont possesseurs de leur propre culture et près de 8 Français sur 10 se prononcent contre la vente libre. En revanche 9 sur 10 sont favorables à l'avertissement suivi de l'amende pour une personne qui se ferait arrêter, et la majorité est contre l'arrestation. Le cannabis ne semble désormais plus considéré comme une drogue, malgré les nouvelles mesures qui ont été prises à Maastricht ou Amsterdam. Juste un produit non autorisé.
Entre évolution des consommateurs et mutation des pratiques
Alors que l'herbe séduit davantage les jeunes, la poudre blanche elle, est une vraie drogue d'adulte : de par son image et par son prix. En effet, la cocaïne est la deuxième substance majoritairement consommée par les adultes, et le nombre de consommateurs réguliers à l'année ne fait qu'augmenter. Elle concerne 1 million et demi de Français, dont 400 000 réguliers. Alors qu'elle n'était pas tellement plébiscitée en France, la "C" commence à se frayer un chemin de plus en plus important : rien que ces 10 dernières années, le nombre de consommateurs a quadruplé dans l'Hexagone. Elle concerne cependant 10 fois moins de personnes que le cannabis.
L'héroïne, enfin, est encore très utilisée en France, et de plus en plus depuis les années 2000. Ses consommateurs sont de 2 types distincts : les exclus de la société, qui s'évadent au bout de la seringue, et des jeunes, plus insérés mais mal informés. Ainsi, elle n'a plus son image d'antan et, outre le fait qu'elle séduise davantage de monde de plus en plus jeune, elle se voit facilement remplacée par des substituts issus d'autres drogues ou de médicaments détournés.
Ainsi, au vu des derniers chiffres fournis par l'Observatoire des drogues, les stupéfiants ne perdent pas tant de terrain que l'on pourrait le croire, malgré les campagnes de sensibilisation. Au contraire, leur danger étant de moins en moins pris en compte dans leur consommation, leur usage devient un accessoire de soirée. Si le cachet reste apprécié, le "sniff" est la voie d'administration de plus en plus privilégiée, car les effets se font ressentir très vite. La piqûre, elle, perd du terrain, notamment à cause des risques de maladies, du malaise naturel face à une aiguille et de l'encombrement de la préparation. La drogue n'est plus un moment de calme et de "trip" chez soi, mais une alternative à l'alcool, pour mieux apprécier une soirée.