Le taux de chômage a encore augmenté en janvier, à 10,7 % de demandeurs d'emploi de catégorie A, pour le 21e mois consécutif. En volume, ces 10,7 % correspondent à 3,169 millions de chômeurs, et l'augmentation de 43 900 personnes représente 1,4 % du total, soit le double de la hausse mensuelle moyenne (0,7 % en décembre). On s'approche du record de 1997 (3,205 millions de chômeurs), et de la barre symbolique des 5 millions si on inclut les DOM et les chômeurs de catégories B et C. Cette aggravation de la tendance à la hausse est attribuée par le ministère du travail à un changement des règles de radiations administratives, qui prennent effet à la date de notification et non plus rétroactivement au moment où le manquement qui les motive a eu lieu.
Du fait de ces nouvelles règles, les sorties des statistiques pour cause de radiations sont divisées par deux. Une fois corrigée de ce biais la hausse est identique à celle de décembre et dans la moyenne de ces derniers mois. Les catégories les plus durement touchées sont les hommes (+1,8 %) et les plus de 50 ans (+1,8 % aussi), qui continuent de faire les frais de la crise économique. Plus inquiétant : le nombre de chômeurs de longue durée continue d'augmenter, et la durée moyenne d'inscription à Pôle Emploi s'allonge en conséquence (elle est aujourd'hui d'un an et 4 mois environ). La catégorie des chômeurs inscrits depuis plus de 3 ans est celle qui a le plus gonflé (+18,5 %) : mauvais signe.
Des mesures qui se font attendre
Ces résultats sont pour le moins préoccupants, alors que les prévisions de croissance délivrées par la Commission Européenne sont aussi pessimistes : le PIB français doit progresser de 0,1 % en 2013, ce qui ne permettra pas, de l'aveu du président de la République, d'inverser la courbe du chômage. Au salon de l'Agriculture, François Hollande a reconnu que "2013 sera marquée par une progression du chômage". Heureusement le gouvernement dispose, dans ses cartons, de quelques dispositifs qui, s'ils n'arrivent pas à inverser la tendance, pourront au moins amortir un peu la chute. En effet, les contrats aidés, emplois d'avenir et contrats de génération, sont censés relancer les créations d'emploi, en exonérant les entreprises de charges patronales dans certains cas.
Les emplois d'avenir, une sorte de contrats jeunes réservés aux moins diplômés, ont été créés en novembre dernier, au nombre de 150 000, notamment pour pourvoir aux postes de professeurs des écoles recréés à la rentrée dernière. Subventionnés, ces contrats sont conditionnés à une durée minimum d'un an. Les critiques de ce projet annoncent un probable "effet d'aubaine" : les contrats signés auraient de toute façon été conclus, et coûtent cher à l'Etat. L'innovation vient des contrats de générations, qui figuraient dans le programme électoral de François Hollande (engagement n°33) : il s'agit d'aider les entreprises de moins de 300 salariés à embaucher des jeunes en CDI, en accordant une subvention pour chaque jeune embauché (moins de 26 ans), si un salarié de plus de 57 ans est maintenu dans son poste en même temps et aide à former la jeune recrue, en lui servant de tuteur.
Ainsi, le gouvernement cherche à cibler les deux catégories les plus exposées au chômage, les jeunes et les séniors, en limitant l'effet d'aubaine par quelques conditions simples : d'une part l'opportunité de bénéficier de cette aide est réservée aux entreprises de moins de 300 salariés, ce qui évite que la majeure partie du dispositif soit captée par les grandes entreprises pour diminuer leurs charges. Et d'autre part les entreprises de plus de 300 salariés sont obligées de mettre en place un "plan de générations" comportant des engagements sur l'emploi des jeunes et des séniors, sous peine de sanctions financières pouvant aller jusqu'à 1 % de leur masse salariale ou 10 % des allègements de charges auxquels elle peut prétendre.