Travailler plus longtemps ou cotiser davantage, le débat reste éternellement ouvert. Les réponses, mitigées, hésitantes, montrent que les Français sont un peu perdus. Si entre hommes et femmes, les différences de réponses ne sont pas flagrantes, les avis se disputent en fonction de l'âge des répondants et du poste qu'ils détiennent.
Les Français ont peur de ne pas faire de vieux os. Mais en ces temps de crise économique, la question est on ne peut plus ouverte. D'après un sondage CSA pour BFM, la majorité aimerait travailler plus longtemps…
Plus longtemps ou plus d'argent ?
Si près d'un Français sur 4 n'a pas d'opinion, la majorité préfère rallonger la durée de vie active. Soit en repoussant l'âge de départ à la retraite (31 %) soit en augmentant la durée des cotisations (21 %). Le reste (30 %) est plutôt favorable à l'augmentation de ces cotisations, sans toucher à la durée de travail.
Ouvriers et cadres en désaccord
Parmi les cadres, la majorité est favorable au rallongement de la durée de travail. En effet, 6 cadres sur 10 préfèreraient que la retraite se prenne plus tard, mais que le taux versé reste inchangé. Serrer sans cesse la ceinture semble déplaire. Cependant, ce rallongement de la vie active n'intéresse que 44 % des ouvriers, et seulement 41 % des employés.
Ceux-ci préfèrent majoritairement payer davantage, mais prendre rapidement leur retraite. Philosophie différente, consistant à faire encore des efforts, mettre les bouchées double pour profiter vraiment d'une retraite bien méritée.
Rallonger le temps de travail : l'argument des plus âgés
En lisant les résultats, on s'aperçoit que c'est en vieillissant qu'on privilégie le rallongement du temps de travail. En effet, 70 % des 65 ans et plus y sont favorables contre 43 % des 18-24 ans. Ces résultats semblent suggérer que les retraités regrettent l'époque où ils travaillaient. S'ils se sentent en marge, les jeunes, eux, les envient.
Et entre actifs et retraités ?
Le monde du travail, véritable jungle sans pitié - le nombre de chômeurs dépasse les 5 millions en France - semble avoir fatigué les jeunes, pourtant au début de leur carrière. Tant et si bien qu'ils sont perdus : si un senior sur 10 seulement n’a pas d’opinion, c'est 3 jeunes sur 10 qui ne se prononcent pas. Ils représentent la plus grosse partie des "sans opinion" de la société.
Si, parmi les actifs, moins d'un sur deux est favorable au rallongement du temps de travail, il en est autrement chez les retraités. Ces derniers sont quasiment 7 sur 10 à voter pour ! Dans le détail, ils privilégient majoritairement un rallongement du temps de travail plutôt que du temps de cotisation.
La retraite complémentaire : les impacts
L'accord sur les retraites, convenu en mars 2013, aura certaines conséquences qu'Emmanuel Grimaud, Président de Maximis Retraite, explique très simplement lors d'une interview pour Les Echos. Selon lui, les anciens cadres seront les plus touchés dans la baisse générale du pouvoir d'achat des retraités.
En effet, les retraités moyens perdront en moyenne 6 € mensuels, soit 68 € à l'année. Avec un abaissement mensuel de 23 €, les cadres auront au bout de 12 mois 276 € de moins dans leur poche. Concernant les cadres supérieurs, dont la retraite est plus avantageuse, ils perdront 48 € par mois, soit 576 € à la fin de l'année. Au bout de 3 ans consécutifs, chaque groupe aura perdu respectivement 1 %, 2 % et 3 % de leur pension totale.
Faire payer aux retraités leur retraite
Baisser la pension des retraités revient à leur demander de payer pour leur propre retraite, alors qu'ils sont à la retraite. Pourtant, d'après le spécialiste, les seniors doivent participer par solidarité entre générations. De plus, c'est eux qui ont majoritairement le plus de pouvoir d'achat : d'après les statistiques, "les plus de 60 ans concentrent 80 % du patrimoine des Français".
Source : Sondage CSA ; Interview E. Grimaud