L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) recommande de revoir à la hausse les courbes de croissance utilisées comme référence pour suivre l’évolution des enfants. Une modification qui pourrait toutefois présenter des désavantages.
Dès 2006, l’OMS a revu les courbes de croissance des enfants, partant du principe que les normes actuelles – mises en place en 1979 et basées sur des enfants des années 1950 – n’étaient plus d’actualité. De nombreux pays ont alors appliqué ces dernières, constituant dès lors les nouvelles normes de croissance infantile. À l’exception notamment de la France.
Rappelons que la courbe de croissance – une pour les filles et une pour les garçons – sert à s’assurer qu’un enfant grandit normalement. Les parents peuvent la consulter dans les carnets de santé et ainsi se rassurer au sujet de la croissance de leur enfant. L’idée est de mesurer et peser l’enfant tous les trois mois sur une année, tous les six mois jusqu’à quatre ans, et tous les ans. Avec pour objectif de vérifier qu’il s’inscrit bien dans les clous de la courbe de référence. Un dispositif qui permet entre autres de mettre au jour un éventuel souci de surpoids ou un retard de croissance relatif à un déficit en hormones.
Reste que les pédiatres notent aujourd’hui que les bébés des années 2000 sont dans l’ensemble plus grands et lourds qu’il y a 50 ans. Un phénomène induit dans une certaine mesure par les nouvelles habitudes alimentaires.
Une modification qui ne serait pas sans risque
Actuellement, la Direction Générale de la Santé s’interroge sur la nécessité réelle de mettre à jour les normes dans notre pays. En substance, celle-ci améliorerait-elle nécessairement le suivi ? Pour l’Inserm, qui s’est appuyé sur 82 000 mesures de poids effectuées sur 27 000 enfants, la corpulence de ces derniers est en fait nettement plus comparable aux courbes de l’OMS que des courbes françaises. C’est pourquoi plus de 50 % des enfants se placent tout en haut de la courbe de croissance, et qu’aucun parent ne s’inquiète outre mesure.
Or, si l’Hexagone adoptait les recommandations de l’OMS, considérablement plus d’enfants se situeraient sous la courbe. Il faut en effet savoir que la courbe de croissance des enfants français – de la naissance à six mois – est en moyenne moins élevée que celle de l’OMS, d’après l’Inserm. Résultat, le fait de changer de norme risquerait la détection à tort de nombreuses pathologies de croissance, et inquièterait de nombreux parents. Affaire à suivre.
Sources : leparisien, inserm