Des insectes généralement vecteurs de maladie peuvent-ils sauver des vies ? Telle est la question que des chercheurs australiens ont élucidée avec brio. Contre l’épidémie de la dengue qui gagne de plus en plus de terrain, des moustiques porteurs d’une bactérie pouvant contrer le virus fatal ont été lâchés dans la nature à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie.
La mairie de la ville de Nouméa a décidé de prendre les choses en main. Avant que la dengue, ayant déjà fait deux morts depuis janvier 2019, ne gagne du terrain, les autorités locales ont adopté une solution. Le 10 juillet dernier, des moustiques dits “wolbachia”, porteurs de la bactérie éponyme ont été libérés de leur boîte de laboratoire.
Une collaboration avec les Australiens
Afin d’endiguer la propagation de la dengue, une maladie transmise par les moustiques des régions tropicales, la mairie de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie française, a organisé un évènement le 10 juillet 2019. Grâce à un accord établi entre l’université australienne de Monash, l’Institut Pasteur et le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, près de 500 moustiques traités en laboratoire ont été relâchés dans la nature. L’objectif est d’éliminer le virus de la dengue en immunisant la population. Cette solution est assez paradoxale en sachant que la maladie elle-même se transmet par les moustiques. Néanmoins, la méthode a été testée et approuvée en Australie, en Indonésie et dans d’autres pays. À noter que la start-up française Techno Bam a mis au point un aspirateur à moustiques-tigres baptisé Qista.
Une sorte de vaccin contre la dengue
Alors qu’un médicament rendrait notre sang mortel pour les moustiques, ceux libérés à Nouméa sont des Aedes Aegypti. Il s’agit de moustiques tigrés parmi les plus dangereux au monde. Des recherches menées par des scientifiques australiens ont révélé que la piqûre d’un de ces moustiques, auquel a été inoculée la bactérie “wolbachia”, pouvait immuniser l’organisme humain contre les virus de la dengue, du chikungunya et du zika. Par ailleurs, ladite bactérie est inoffensive pour l’homme, pour l’environnement ainsi que pour le moustique, étant naturellement présente à 60% chez les insectes comme l’explique le Dr Nadège Rossi du World Mosquito Program de Nouméa.
Une prévention très efficace
Nouméa n’est pas la première ville à expérimenter cette méthode bien qu’elle soit la première à l’adopter sur le territoire français. “Les résultats ont été extrêmement concluants avec une disparition des épidémies de dengue dans toutes les zones qui ont été traitées”, confirme l’adjoint au maire, Tristan Derycke. La mairie a annoncé vouloir libérer les moustiques “wolbachia” toutes les semaines pendant six mois, le temps de leur permettre de se renouveler et de se multiplier dans l’environnement. L’adjoint en charge des affaires sanitaires espère que tout le pays appliquera cette solution. Avec ce nouveau traitement, plus la peine de couper l’appétit des moustiques pour ne pas être piqué.