Si vous êtes proches de fumeurs, de consommateurs d'alcool ou d'amateurs de plats épicés ou de café, vous savez que l'haleine est un indicateur assez précis des habitudes alimentaires. L'air expiré, chargé de diverses particules, peut dévoiler certains goûts. Or ce détecteur naturel peut révéler bien plus que de simples abus: il peut désormais mettre sur la piste de maladies, et les identifier.
D'après une étude suisse, publiée dans la revue PLOS One, l'haleine pourrait bien devenir le nouveau carnet de santé. En effet, des chercheurs de l'Ecole Polytechnique de Zurich ont découvert que la proportion des différents composés de l'haleine s'avère très stable.
Du bol d'air au test médical
Les scientifiques ont, durant 9 jours, surveillé 11 volontaires. Ceux-ci ne devaient ni manger, ni boire, ni se brosser les dents, au moins une demi-heure avant chaque souffle. Leurs habitudes de vie sont restées inchangées pendant la période de test, et aucun d'eux n'était fumeur. Ces derniers soufflaient quotidiennement, à quatre reprises, dans un spectromètre de masse. Cet outil est une version plus complexe et aboutie de l'alcootest mais garde le même principe : les particules contenues dans votre haleine sont distinguées les unes des autres, identifiées et analysées.
Après avoir écarté les résidus du dernier repas, les chercheurs ont constaté que l'haleine de chacun révélait un taux stable des différentes particules. Cela signifie que l'haleine n'est pas seulement chargée des aliments récemment absorbés, mais bel et bien des fluctuations de l'état général. Chaque participant avait une signature personnelle, individuelle et unique, stable au cours du temps. Chacun avait donc un profil de base, qui évoluait en fonction de la routine. Si bien qu'à partir du spectre de l'haleine, il est possible d'identifier son propriétaire, tout comme l'ADN ou les empreintes digitales.
En effet, personne n'a la même signature car il faudrait pour cela vivre exactement dans les mêmes conditions, manger exactement la même chose au même moment, avoir le même métabolisme, etc. Néanmoins, si les taux sont différents, les molécules sont sensiblement les mêmes chez chacun. Une évolution de l'une de ces particules révèlerait donc une anomalie médicale. Pour s'en assurer, un scientifique de la même équipe a, lors de différentes expérience, introduit son échantillon dans les tests, rapporte le site Allodocteurs.
Un nouveau souffle pour la médecine ?
Après avoir soufflé dans le spectromètre, le médecin-cobaye a comparé ses résultats avec ceux des participants. Evidemment, son analyse comportait une anomalie. Après quelques recherches, l'anomalie a été identifiée : elle était due à un médicament qui lui était prescrit. Pour confirmer cette hypothèse, chacun des participants a ingéré le médicament, et la même anomalie a été détectée dans leur organisme. Cette nouvelle technique médicale, encore au stade de recherche, pourrait bien investir notre quotidien : non intrusive, non invasive, les résultats sont rapides.
Souffler dans un ballon est un geste que quasiment tout le monde peut effectuer. Moins douloureux et traumatisant que la piqure, moins intime que le test d'urine, pour des résultats dans un délai très court si ce n'est immédiat. Cependant, les scientifiques concluent l'étude en présentant ce nouveau test comme une possibilité d'affiner et de personnaliser l'identité médicale, en complément des moyens existants et non comme substitut.
En effet, certaines analyses sanguines ou tests d'urine se révèlent incertains. Le test d'haleine interviendrait à ce moment, afin de confirmer un doute ou d'évincer une crainte. Malheureusement, aucune date n'est annoncée quant à l'arrivée de ces machines dans nos laboratoire, car elles coûtent cher :"j'ai fait mon travail, maintenant c'est aux industriels de développer le matériel adéquat" répond au HuffPost Renato Zenobi, l'un des auteurs de l'étude.
Sources : PLOS One ; Allodocteurs ; Huffpost