La Terre est le théâtre de la diversité humaine sous tous ses aspects. Cependant, la société s’est radicalement transformée au fil des siècles. Des guerres ont eu lieu, la colonisation a fait rage et des peuples entiers ont été massacrés. Des porteurs d’une langue et d’une culture ont été supprimés dans la foulée. La situation est loin de s’être calmée, car des langues minoritaires continuent de se dissoudre dans la lumière des langues dominantes, appelant à leur préservation imminente.
Il fut un temps où chaque recoin de la planète utilisait fièrement un idiome propre à sa culture. Toutefois, cette diversité linguistique s’appauvrit. Des initiatives fleurissent de part et d’autre pour garantir sa pérennité. Décryptage.
La langue, une part identitaire d’une civilisation
Origine, culture, hérédité et langue sont autant de variables qui interviennent dans l’équation identitaire de l’Homme. La suppression d’un seul de ces composants est problématique. C’est pourtant la situation à laquelle la société moderne est actuellement confrontée. Pendant que de nouveaux mots font leur entrée dans le dictionnaire, des langues amérindiennes et minoritaires disparaissent de la carte. La mondialisation n’est que l’un des facteurs responsables de ce déclin linguistique non négligeable. Hélas, la destruction des petites langues parlées, notamment celles qui ne se sont transmises que par le biais de traditions orales, est un fait historique qui remonte au temps de la colonisation. Cette pratique, en elle-même, consistait à étouffer la culture et la langue du territoire colonisé jusqu’à leur complète disparition.
La survie des langues autochtones soumise à de nouvelles menaces
Les chercheurs experts, qui dénombrent la richesse linguistique de la planète à environ 7 000, estiment que 50% de celles-ci sont menacées d’extinction. S’il n’est plus question de colonisation, la disparition d’une langue minoritaire sous le poids d’une culture dominante reste d’actualité. L’hégémonie culturelle et la glorification des cultures occidentales, associées à l’alphabétisation, relèguent les langues traditionnelles au second plan. Le réchauffement climatique aggrave davantage la situation dans la mesure où ses conséquences s’abattent sur les petits territoires reclus, berceaux des langues amérindiennes. L’Amazonie, théâtre d’une grande diversité linguistique, dont la forêt se consume à grands pas, en est un exemple parmi tant d’autres.
Des initiatives visant la protection des langues minoritaires
Presque tous les recoins de la planète ont une langue traditionnelle ancrée dans l’histoire de leur civilisation. La langue maorie en Nouvelle-Zélande, l’inuktitut, le wendat et 90 autres langues autochtones au Canada, le mongol en Chine, sont autant de langues vivantes que le temps menace de dissoudre. Cependant, les fervents défenseurs de la diversité linguistique ne se laissent pas faire. Au Canada, une loi adoptée en 2019 garantit la protection à long terme des langues autochtones du pays. En Nouvelle-Zélande, des programmes d’immersion dans la langue maorie sont organisés. À l’échelle globale, un projet linguistique d’envergure mené par le CNRS, baptisé Pangloss, cherche à réunir toutes les langues minoritaires en déclin dans une sorte d’arche de Noé linguistique pour la postérité.