Dormir avec son nourrisson peut s'avérer dangereux, chacun le sait. Entre les risques de le faire tomber du lit, de l'écraser, de l'étouffer ou d'autres fins similaires, sa sécurité est davantage préservée lorsqu'il est dans son berceau. Mais beaucoup de bébés trouvent une mort inexplicable, subitement, alors qu'ils dormaient tranquillement dans les bras de leurs parents. C'est le syndrome de mort subite du nourrisson. Les chiffres grandissant, le docteur Robert Carpenter a mené des recherches dont les résultats font froid dans le dos.
La "mort subite du nourrisson" désigne le décès d'un nourrisson, pourtant en bonne santé. Ce phénomène frappe quelques 250 familles en France, chaque année. Malgré les diverses campagnes de prévention contre le "co-dodo", les différentes autorités sanitaires ne parviennent pas encore à accorder leurs violons, ni à tirer des explications satisfaisantes qui mèneraient à des pratiques plus sûres.
Aussi, les chercheurs ont analysé près de 1 500 cas de mort subite, et près de 500 cas de contrôle, à travers 5 grandes études publiées en Europe, en Asie et en Australie. Les données ont été croisées afin de mieux comprendre ces accidents. Cette recherche, la plus grande dans son genre, a été menée par la London School of Hygiene and Tropical Medicine et publiée par la BMJ Open.
Alcool, cigarettes et drogues responsables ?
Si la fumée de cigarettes, les vapeurs d'alcool ou les résidus de drogue que le nourrisson risque d'ingérer en dormant avec le parent ou à travers le lait maternel peuvent causer sa mort subite, aucun de ces facteurs n'est la principale cause dans cette étude :"même s'il est évident que fumer et boire augmentent le risque de mort subite du nourrisson pendant le partage du lit, notre étude montre qu'il existe un risque accru pour tous les bébés […] même si les parents ne fument ni ne boivent.".
Ces déclarations mettent à mal les différentes campagnes qui plaçaient ces substances comme cause n°1 des décès de nourrissons. L'élément commun à toutes ces morts, qui ont lieu partout dans le monde quelle que soit la sphère sociale, s'avère être le lit des parents. Il multiplie par 5 le risque de mort subite du nourrisson, fragile, qui y est mal installé.
Avant 6 mois : privilégiez le berceau
Le berceau est plus que recommandé pour les nourrissons, au moins durant les 6 premiers mois. D'après l'étude, 81 % des décès auraient pu être évités si le nourrisson avait été dans son berceau. Ces chiffres, qui ne sont qu'une moyenne, atteignent des seuils terrifiants dans certains pays : "au Royaume-Uni plus de la moitié des morts subites se produisent pendant que le bébé dort dans le même lit que ses parents", soit pas moins de 120 des 300 décès observés chaque année.
Avant ses 6 mois, le bébé est très fragile, avec un pic de vulnérabilité entre 2 et 4 mois, et tout particulièrement entre la 7 ème et la 10 ème semaine. C'est à cet âge là que la majorité des décès survient. C'est pourquoi il est impératif qu'il dorme seul, dans son berceau et sur le dos, insistent les chercheurs, corroborés par l'INVS. Le couchage sur le dos est essentiel pour le bébé, afin qu'il ne s'étouffe pas et qu'il ait la colonne verticale bien stabilisée. Depuis les campagnes visant à apprendre aux jeunes parents à bien coucher les bébés, les taux de décès ont beaucoup baissé.
Source : London School of Hygiene and Tropical Medicine ; BMJ Open