L'Organisation mondiale de la santé a récemment décrété l'épidémie de fièvre hémorragique Ebola "urgence de santé publique de portée mondiale". À ce titre, quels sont les risques de voir cette maladie mortelle toucher prochainement le continent européen ?
Pour le commissaire européen en charge de la Santé, Tonio Borg, la probabilité pour que l'épidémie de fièvre hémorragique Ebola arrive en Europe est "extrêmement faible". Pourquoi ? Tout simplement parce que, selon lui, les chances sont infimes pour que les personnes se rendant en Europe soient infectées. Il faut en effet savoir que le virus se propage uniquement via un contact direct avec les fluides corporels d'un malade.
D'autre part, les spécialistes soulignent que l'union européenne observe attentivement depuis des mois la situation en Afrique de l'Ouest, et que tout est prêt depuis longtemps pour faire face à une éventuelle propagation.
L'OMS reconnaît l'ampleur du problème
Reste que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a dernièrement reconnu que l'épidémie de fièvre hémorragique était désormais "une urgence de santé publique de portée mondiale". Pour la directrice générale de l'organisation, Margaret Chan, la réponse internationale doit nécessairement être coordonnée pour combattre la propagation internationale d'Ebola. D'autant plus qu'il s'agit de la plus importante épidémie enregistrée depuis quatre décennies : plus de 930 personnes sont déjà décédées en Afrique de l'Ouest depuis le mois de mars.
Quel dispositif est prévu si une personne contaminée arrive en France ?
La France compte parmi les nombreux pays à avoir renforcé leur dispositif de veille sanitaire et mis en place des recommandations destinées aux voyageurs. À ce titre, celle-ci a demandé à ses ressortissants de suspendre, sauf en cas d'extrême urgence, tous les voyages vers la Guinée, la Sierra Leone, le Liberia et le Nigeria.
Quoi qu'il en soit, même si la contamination en Europe est très peu probable, des précautions sont prises lors de la montée dans un avion. Ainsi, l'ensemble des passagers au départ de Conakry (Guinée), Freetown (Sierra Leone) et Monrovia (Liberia) sont tenus de remplir un questionnaire, et sont soumis à un test de température au sein de l'aéroport – condition sine qua non pour obtenir une carte d'embarquement. En parallèle, le ministère de la Santé français a aussi conçu des brochures d'informations pour les passagers.
Mais en admettant une situation où un passager ressent tout de même les symptômes du virus (fatigue, fièvre, maux de gorge, vomissements, diarrhées), la compagnie est alors tenue de le confiner dans les toilettes et de lui donner un masque. Par ailleurs, Air France indique que le personnel navigant doit porter des gants et se servir de gel hydro-alcoolique. Ensuite, les identités des passagers ayant été en contact avec le passager suspect doivent être relevées. Jusqu'à présent, ce programme n'a été activé qu'à une seule reprise, au sein d'un appareil provenant de Conakry. Mais il s'agissait d'une fausse alerte.
Cependant, si tel n'était pas le cas, la personne potentiellement infectée serait alors prise en charge par l'équipe médicale de l'aéroport afin de savoir si les symptômes sont bien ceux d'Ebola. Enfin, il n'est pas exclu que les symptômes se déclarent quelques jours après l'arrivée sur le sol français. Dans ce cas de figure, c'est après avoir consulté un médecin que le système sera activé. À noter que les praticiens sont depuis longtemps informés au sujet de l'épidémie, comme l'avait souligné la ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, courant avril.
Pas de vaccin ni de traitement
Même si des solutions sont à l'étude, il n'existe aujourd'hui aucun vaccin ni traitement pour combattre le virus Ebola. Pour cette raison, les seuls soins prodigués aux personnes infectées se limitent à renforcer la lutte contre la maladie. À cet effet, tout est fait pour réduire la fièvre et réhydrater l'organisme et ainsi éviter que les malades ne s'affaiblissent trop rapidement.
Cependant, des traitements expérimentaux ont été administrés récemment à des malades. Mais le caractère éthique ou non de cet acte a été débattu, le traitement n'ayant auparavant été testé que sur une dizaine de singes…