Les émotions feraient donc grossir

Publié le  - Mis à jour le 

Le cinéma s'est emparé du cliché : une jeune femme, récemment célibataire, passe sa soirée en tête à tête avec un gros pot de crème glacée qu'elle engloutie dans son canapé au rythme de ses pleurs. Cette tendance à se découvrir subitement une fringale après un petit trouble émotionnel n'est peut-être pas si cliché : manger sous le coup d'une émotion est devenu quasiment un rituel, c'est un réflexe. Grignoter en réfléchissant, en attendant quelqu'un, pour passer le temps… Les raisons sont variées mais, même s'il ne s'agit que de petites quantités de nourriture, l'impact semble, lui, peser son poids.

Des nutritionnistes de l'Unité de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle (UREN) ont effectué une étude NutriNet-Santé, dont les résultats, parus dans l’American Journal of Clinical Nutrition, mettent en exergue la relation "manger sous le coup d'une émotion" avec "obésité". Lancée en 2009, cette étude permet de recueillir de plus en plus d'informations sur les relations qu'entretiennent les Français avec la nourriture.

La nourriture comme rempart à la solitude ?

Sandrine Péneau, de l'équipe de coordination de l'étude, a observé  le lien entre obésité et "émotionalité alimentaire" sur 35 641 adultes français. Les termes barbares d'émotionalité alimentaire désignent l'association des états de déprime avec la nourriture. Les participants, volontaires, ont répondu à un questionnaire visant à découvrir leur relation avec la nourriture. Aussi, les questions posées étaient du type "quand je me sens seul, je me console en mangeant – oui – non ". Les résultats montrent que la majorité des femmes (52 %) a tendance à manger lorsqu'elle ressent une émotion négative (déprime, solitude, anxiété…). La proportion d'hommes est moindre, et s'élève à 20 %.

Mais l'étude montre surtout que le régime amaigrissant accentue l'envie de manger, et ce, quel que soit le sexe. Attention, il n'est pas question ici de "faim", mais de perception de la nourriture comme une béquille psychologique, votre meilleur ami dans les moments les plus sombres. Ainsi, parmi les personnes ayant fait un régime alimentaire dans le passé, hommes et femmes confondus, 58 % font un lien direct entre émotion et nutrition. Ce lien est davantage ressenti chez les personnes dont le régime est en cours. Plus de 2 personnes sur 3 (71 %) faisant un régime ressenttent une forte "émotionalité alimentaire". Les chiffres s'effondrent chez les non-pratiquants du régime, puisque seulement 35 % mangent à cause d'une émotion négative. Inévitablement, une relation entre émotionalité alimentaire et surpoids a été décelée.

Ice Cream

Baisse d'humeur, hausse de poids

La relation entre émotionalité alimentaire et surpoids est davantage affirmée chez les femmes : les risques de surpoids ou d'obésité sont plus élevés pour une femme mangeant sur le coup de l'émotion que pour une femme dont ce n'est pas le cas. Ces risques sont tout de même 5 fois supérieurs pour les femmes n'ayant jamais fait de régime, 3 fois supérieurs pour celles qui en ont fait un dans le passé, et 2,6 fois supérieurs pour celles dont le régime est en cours. Paradoxalement, si le régime accentue l'émotionalité alimentaire, il baisse les risques de surpoids.

Dans la gent masculine, la même relation existe mais à moindre mesure : les hommes mangeant régulièrement sous le coup de l'émotion ont 2 fois plus de risques de surpoids ou d'obésité que les autres. Étrangement, la pratique ou non d'un régime amaigrissant ne rentre quasiment pas en compte.

Miam

Et vous, êtes-vous un mangeur émotionnel ?

NutriNet Santé souhaite recruter un maximum d'internautes et les observer pendant 5 ans chacun. Le but de la recherche est d'analyser l'impact de la nutrition et des fréquences des repas sur le corps et la santé, ainsi que la qualité de l'alimentation, évidemment. Aussi, 244 000 internautes sont d'ores et déjà inscrits, mais l'étude en attend le double, soit 500 000.

Si vous voulez participer à cette grande aventure, il vous suffira de vous inscrire en cliquant ici. Votre participation sera de 3 questionnaires personnels, individuels et confidentiels  sur l'activité physique, l'alimentation et la santé à remplir chaque année. Par ce biais, vous contribuerez à l'aboutissement de la plus grande étude jamais encore réalisée sur l'impact de la nutrition sur la santé physique et mentale.

Source : Communiqué de presse des auteurs de l'étude ; Nutrinet-santé.fr