Le plus souvent, le chômage est une période difficile, mettant son ego à rude épreuve. Pourtant, pour certaines personnes vivant aux États-Unis, ce stade de la vie permet de se ressourcer ou de se réinventer. Découvrez le funemployment, le chômage utile !
Le funemployment est une tendance venue tout droit des États-Unis. Le nom du concept vient de la contraction de “fun” (amusement) et “unemployment” (chômage). Concrètement, il s’agit de tirer le maximum de profit de sa vie de chômeur. Auparavant, les Américains étaient surtout connus pour leur surinvestissement dans leur vie professionnelle. Cependant, après les crises, ils ont complètement changé leur credo.
Prendre du recul
Aux États-Unis, de plus en plus de jeunes arborent des badges colorés portant des slogans atypiques comme “No job? No problem”, “Happily jobless”, “Funemployed” ou “I watch TV all day”. Décomplexés, ils revendiquent leur droit au bonheur, même s’ils se sont retrouvés en dehors du monde du travail, volontairement ou non. Cet état d’esprit commence à gagner progressivement la France.
En effet, ces derniers temps, de nombreux jeunes cadres trentenaires s’avèrent déçus par leur carrière ou ont été licenciés sans ménagement par leurs employeurs. Ils ont ainsi appris à prendre de la distance avec le monde de l’entreprise. “La confiance a été altérée et les salariés entretiennent un rapport plus mercenaire au travail”, comme l’explique le psychothérapeute Marc Traverson dans son ouvrage de 2010 Lettre à ceux qui ont momentanément perdu leur emploi.
Prendre le temps de faire son deuil
En général, un salarié se définit par son travail. De ce fait, le chômage porte atteinte à l’intégrité de l’individu et à son estime de soi. La personne inactive finit en effet par être confrontée à elle-même et à ses craintes d’ordre matériel (factures non payées, problèmes de loyer, etc.) durant ses longues journées en dehors du marché de l’emploi. Outre les angoisses, le désœuvrement menace également l’équilibre dans les couples et favorise la peur du déclassement social. Pour pouvoir rebondir, il est ainsi nécessaire de se convaincre du caractère provisoire du chômage et de faire le deuil par rapport à son ancien emploi.
L’attitude prônée par le funemployment est salvatrice dans un contexte où les retraites fondent comme neige au soleil et les emplois deviennent volatils. Ainsi, “chacun doit désormais prendre en main sa propre employabilité, comme une petite entreprise de services qui prospecte”. Au lieu de courir désespérément après un CDI, les nouveaux chômeurs se lancent dans une quête de sens et se consacrent à des activités plus “essentielles” comme l’art, l’engagement citoyen, le bénévolat ou la thérapie. Ils pourront ainsi se ressourcer avant de rebondir vers un autre métier correspondant à leurs aspirations.