La gifle doit-elle être considérée comme un châtiment corporel ? Pour le coordinateur de la dernière campagne de la Fondation pour l'enfance, la réponse est oui. Mieux : il faudrait d'après lui mettre en place une loi contre les claques. Un débat qui ne date pas d'aujourd'hui.
Alors que la Fondation pour l'enfance vient de lancer une nouvelle campagne contre ce qu'elle nomme les "violences éducatives", son coordinateur souligne dans les colonnes du Parisien la nécessité d'une loi interdisant purement et simplement les claques. La question de la pénalisation des "petites claques" n'est pas nouvelle, en France : en 2009, la pédiatre et députée UMP, Edwige Antier, avait déposé une proposition de loi visant à "abolir les châtiments corporels infligés aux enfants", parmi lesquels la fessée. La même année, notamment, un père avait été condamné pour avoir donné une fessée à son fils, comme le soulignait alors le site internet Radio Canada.
À travers sa nouvelle campagne, la Fondation pour l'enfance s'en prend désormais à la perception des violences éducatives banalisées, au premier rang desquelles la "petite claque". Pour Gilles Lazimi, coordinateur de la Fondation, cette dernière n'existe pas et toute claque est une violence comme une autre avec son lot de conséquences et de risques. Une violence qui fragilise par ailleurs le cerveau de l'enfant. Et Lazimi d'inviter à une prise de conscience, tout en rappelant que la moitié des enfants français reçoivent aujourd'hui leur première claque avant l'âge de 2 ans.
À noter que la nouvelle campagne de communication télévisée a pour but de démontrer le gouffre existant entre la perception de l'adulte donnant une claque et l'enfant qui la reçoit. Pour ce faire, un gros plan expose le visage d'un enfant au ralenti recevant une gifle de sa mère.
Un geste anodin qui ne serait pas sans conséquence
Pour les docteurs, les "petites claques" ont un impact fort sur l'enfant, à savoir des conséquences souvent graves. Ainsi, la gifle aurait pour corollaire une interruption de l'activité cérébrale chez l'enfant, ce qui l'empêcherait instantanément de penser et serait source d'une dose importante de stress. Un phénomène qui risquerait même sur le long terme par le déposséder de son corps, et l'amenant par la suite à mettre en danger son corps à travers la vitesse ou encore l'alcool.
En outre, les spécialistes expliquent que l'enfant victime des fameuses "petites claques" finit par considérer l'acte de frapper comme un mode de communication acceptable. Autrement dit, que le fait de frapper n'est pas incompatible avec le fait d'aimer. Or, les pédiatres n'excluent pas, à ce titre, que l'enfant, devenu adulte, reproduise ce mode de pensée avec ses propres enfants. Un phénomène que tentait de mettre en perspective la Fondation pour l'enfance en 2011 à travers le spot publicitaire ci-dessous.
Une interdiction déjà appliquée dans 33 pays
Tandis que l'interdiction des châtiments corporels fait depuis 2008 l'objet d'une demande de la part des Nations Unies et du Conseil de l'Europe, pas moins de trente-trois pays – d'après un article du Parisien – ont jusqu'à présent choisi d'interdire aux parents tout châtiment corporel sur leurs enfants.
Sources : Le Parisien, Slate, Fondation-enfance, Radio Canada, assemblee-nationale