Une étude menée conjointement par l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et l’Université de Bournemouth, au Royaume-Uni, dévoile les effets de la déforestation sur la santé humaine. La destruction des habitats des animaux sauvages et le réchauffement climatique favoriseraient l’apparition de nouvelles maladies.
Le virus Ebola, le VIH, la peste porcine et la grippe aviaire ne sont que quelques exemples des maladies “zoonotiques” apparues ou réapparues au cours des 30 dernières années. Cette étude publiée le 7 décembre dans Science Advances fait le point sur le processus d’apparition des nouvelles pathologies infectieuses.
Un bouleversement de la chaîne alimentaire
D’après Jean-François Guégan, directeur de recherche à l’IRD, les activités humaines en rapport avec l’exploitation des forêts dans les zones intertropicales seraient responsables des maladies émergentes. Pour vérifier leur thèse, les chercheurs ont mené une étude sur une bactérie responsable de l’ulcère de Buruli, une maladie qui sévit en Amérique du Sud et en Afrique subsaharienne. D’après Rodolphe Gozlan, directeur de recherche à l’université de Bournemouth, la présence humaine provoquerait des changements radicaux dans la chaine alimentaire. Les chercheurs ont conclu que la disparition de certains prédateurs a favorisé la prolifération des espèces porteuses de la bactérie dans les marécages guyanais.
Des maladies dues au climat
D’après les scientifiques, les changements climatiques affecteraient directement les mouvements migratoires des animaux et leur cycle de reproduction et indirectement la santé humaine. Le chikungunya, le paludisme, la dengue, la fièvre du Nil occidental et la maladie de Lyme sont des exemples de pathologies qui se sont propagées en raison des perturbations climatiques. La température de plus en plus élevée dans le sud aurait poussé les moustiques et les tiques à migrer vers le nord, plus frais. Ainsi, ces maladies sont apparues dans de nombreux pays comme la Suède, le Canada ou les États-Unis, jusqu’ici épargnés. D’après les experts du GIEC, un groupe d’experts étudiant l’évolution climatique, 400 millions de personnes par an sont touchées par la dengue, mais d’ici 2080, cette pathologie pourrait infecter plus de 5 milliards d’individus. Pour sa part, l’OMS prévoit 250 000 décès supplémentaires par an à imputer aux changements climatiques, dont un quart en raison de la progression du paludisme.