Une nouvelle escroquerie, en vogue en ce moment, pousse les internautes à se mettre à nu, toutes webcams allumées. Après les faux billets de loterie, le piège désormais le plus répandu est le chantage aux vidéos pornographiques qui fait grand nombre de victimes. Alors que l'existence d'une police d'internet est officielle depuis 2005, elle ne dénombre que peu de membres en 2012. Mais dans le même temps, les cyber-criminels, eux, sont de plus en plus nombreux, organisés et puissants. Face à leur menace, que faire ?
Les menaces sur internet n'ont fait que se multiplier ces dernières années, et ce de façon exponentielle, donnant lieu à des actes toujours plus dramatiques. Vous savez sans doute que certains agissements qui ne figurent pas encore dans les textes peuvent faire l'objet de nouvelles lois et devenir des crimes ou des délits. C'est exactement ce qui se passe avec internet : le téléchargement n'avait jamais été prévu, il n'était donc pas encore illégal tant que la loi n'était pas passée. Bien qu'il n'y ait pas de loi précise pour Internet, les lois générales peuvent s'appliquer à certaines situations types, qu'internet ne dénature pas.
Comment cette escroquerie se déroule-t-elle ?
Deux jeunes entrent en contact, tissent certains liens d'amitié, s'ajoutent mutuellement sur leur réseau social et, un jour, décident de passer la vitesse supérieure : s'observer par webcams interposées dans des situations pornographiques. Problème : 'un des deux est un cyber-criminel qui filme la scène, et menace sa proie de diffuser la vidéo à son entourage ou sur internet avec son identité s'il ne fournit pas la rançon demandée. Pour prouver de quoi il est capable, généralement, la menace est provisoirement ou partiellement exécutée.
En situation, que devez-vous faire ?
Vous verrez ci-dessous qu'il existe de nombreux moyens pour vous tirer de cette situation. Mais pour commencer, coupez les liens avec le maitre-chanteur. Il diffusera certainement la vidéo en vous envoyant un lien et en vous prévenant des démarches à suivre.
Allez voir la police ou la gendarmerie, fournissez tous vos mails, traces écrites, bande son, le lien de la vidéo (pour qu'elle soit supprimée) et ce qui pourrait aider la police dans son enquête : votre ordinateur, mots de passe etc. Une fois retrouvé, votre cyber-agresseur risquera les peines suivantes.
L'atteinte à la vie privée
A partir du moment où quelqu'un s'empare d'informations sans le consentement de leur auteur (qu'il s'agisse de bandes son, vidéo, photos, documents et autres informations personnelles ou non), obtenues à titre privé ou confidentiel, et qu'elles sont diffusées ou que le maitre chanteur prévoit de le faire, on pourra parler d'atteinte à la vie privée. C'est le cas de figure que l'on retrouve le plus : un enregistrement de scènes intimes.
Il n'y a donc pas besoin que les documents soient diffusés pour évoquer l'atteinte à la vie privée, il suffit qu'il y ait une menace de le faire, sans chantage pour autant ni demande rançon. La peine est lourde : un an d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende.
Le chantage
Le chantage est le stade d'après : il implique une demande de rançon. C'est le fait d'obtenir de l'argent par exemple sous peine de révéler un secret ou de diffuser des informations portant atteinte à la personne concernée. On observe plusieurs étapes :
- le maitre-chanteur menace, la proie ne cède pas.
Si la victime ne cède pas, ca n'est pas du chantage. Mais le maitre chanteur peut être attaqué pour tentative de chantage, qui rejoint l'atteinte à la vie privée ;
- le maitre-chanteur menace, la proie cède.
C'est du chantage : il est puni de cinq ans de prison et de 75 000 euros d'amende ;
- le maitre-chanteur diffuse les informations.
Lorsque l'auteur du chantage a mis sa menace à exécution, la peine est portée à sept ans d'emprisonnement et à 100 000 euros d'amende. La peine est lourde car le chantage implique une préparation (acte prémédité), une volonté de briser la personne en face. C'est une forme de cruauté morale, de torture psychologique, avec aliénation de la proie qui peut souffir de graves conséquences.
L'accès aux données personnelles et l'escroquerie
Là encore, deux situations qui se rejoignent : l'escroquerie est le fait de tromper une personne dans le but d'obtenir de l'argent ou une rançon non pas par le biais d'une menace mais via l'usurpation d'une identité, qu'elle soit vraie ou fausse. Il s'agit en somme d'un profil créé spécialement pour vous tromper. Elle est punie de 5 ans d'emprisonnement et 375 000 euros d'amende.
Cela recoupe l'accès frauduleux aux données personnelles qui consiste à accéder à des données sans autorisation, et s'en servir dans un but illégal. Lorsque l'escroc viole votre boîte-mail, dans le but de trouver les adresses de vos contacts afin de leur diffuser la vidéo en question, il est dans l'accès frauduleux aux données personnelles.
Quelques limites
Seul bémol : lorsque, difficilement, les criminels sont localisés, on s'aperçoit qu'ils agissent depuis l'étranger, pour la plupart en Côte d'Ivoire. C'est pourquoi Nadine Morano souhaite une cyber-police internationale afin que les lois des pays ne priment plus sur les lois d'internet, et qu'elles soient communes dans le monde entier.
Source : Legifrance