Publiés dans le journal Social Cognitive and Affective Neuroscience, les résultats d’une étude récente révèlent que la prise de paracétamol réduit le sentiment d’empathie. Cette thèse est confortée par d’autres recherches publiées en 2013 et en 2015.
Décliné sur le marché sous différentes marques, dont Efferalgan, Doliprane, Actifed ou Dafalgan, le paracétamol est le best-seller des médicaments en France avec près de 500 millions de boîtes vendues en 2014. Utilisé pour soulager les douleurs, cet antalgique agit également sur les émotions.
Moins sensibles à la douleur des autres
Pour étudier les effets du paracétamol sur les émotions, les chercheurs de l’Université de l’Ohio ont demandé à 40 étudiants de prendre une dose de 1 000 mg de cet antalgique. Ils ont également donné un placebo à 40 autres volontaires. Une heure après l’ingestion, les chercheurs ont demandé à leurs cobayes de lire de petites histoires tristes et ont noté leurs réactions de 1 à 5. Les résultats ont démontré que ceux ayant ingéré du paracétamol étaient moins sensibles aux malheurs des personnages que ceux de l’autre groupe.
Moins réactifs
Les chercheurs ont mené une seconde expérience pour confirmer les résultats de la première étude. Cette fois, 114 étudiants, répartis en deux groupes également, ont été soumis aux tests. Ils ont été exposés à un bruit de 75 décibels pendant quelques secondes, puis à un bruit plus fort de 105 décibels, comparable au niveau sonore dans une discothèque. Les chercheurs ont ensuite noté leurs réactions de 1 à 10 et leur ont demandé ce qu’un inconnu pourrait ressentir à leur place. Une fois de plus, les volontaires ayant pris du paracétamol se sont révélés moins réactifs que les autres. Ils ont estimé que l’inconnu serait plus gêné qu’eux-mêmes.
Les causes
D’après Baldwin Way, un des auteurs de cette étude, cet effet pervers du paracétamol est inquiétant dans la mesure où il inhibe les sentiments d'empathie vis-à-vis de la détresse des autres. Rien d’étonnant si l’on tient compte des résultats d’une autre enquête datant de 2004. Celle-ci a démontré que la sensation de douleur et l’imagination de la souffrance ressentie par les autres activent les mêmes zones du cerveau. Pour Baldwin Way et ses collègues, les molécules du paracétamol agiraient sur la sérotonine, qui contrôle la douleur et l’humeur.