Malgré des formules toujours plus nombreuses et accessibles, la vidéo à la demande (VOD) ne parvient toujours pas à séduire dans l'hexagone face au streaming et au téléchargement.
C'est décidé, ce soir vous regarderez soit le dernier Lars Von Trier (Melancholia) soit le dernier Martin Scorsese (Hugo Cabret). Apocalypse ou retour à l'enfance, donc. Pas trop cher, en plus : 4 euros. Et alors que votre choix est arrêté et que vous vous apprêtez à procéder à sa location via un service de vidéo à la demande, quelle n'est pas votre surprise lorsque vous constatez qu'il n'existe pas de version originale. Tant pis : les films sont disponibles illégalement sur Pirate Bay en VO avec sous-titres, alors pourquoi ne pas se priver ?
Voilà grosso modo le genre de situation que les Français rencontrent encore couramment en cette fin d'année 2012. Toutefois, cette conjoncture pourrait être sur le point de changer avec l'arrivée de nouveaux géants de la vidéo à la demande en 2013 (Amazon, Netfix, etc.). Sans compter les propositions issues de la mission sur le numérique, qui sont attendues pour le printemps prochain.
Pour l'heure, il faut dire que l'offre légale disponible n'est pas au goût de chacun, et ce malgré l'effort consenti par Canal + fin 2011 avec son abonnement séduisant Canalplay. Une réussite néanmoins : iTunes parvient à attirer les aficionados de séries. Si le marché de la VOD est passé de 150 millions d'euros en 2010 à 250 millions en février 2012, ce n'est toujours pas suffisant. Les internautes sont par ailleurs nombreux à considérer que les catalogues des principaux services de VOD, plafonnés à 9 000 films, ne sont pas suffisamment fournis par rapport aux offres illégales. Principal reproche : l'absence de VO et de haute définition.
De nombreux freins
Aujourd'hui, la plupart des plateformes de VOD ne parviennent pas souvent à rentabiliser les films qu'elles mettent en ligne. Pour un seul film, il faut en effet compter 400 ventes pour parvenir à rembourser sa seule mise à disposition VOD. Et tandis que les principaux concurrents pourraient obtenir un certain succès auprès des cinéphiles avec les films anciens, les contrats des œuvres datant d'avant le milieu des années 1980 ne permettent pas une exploitation sur Internet et ne sont pas renégociés. Enfin, les lobbies du web sont nombreux à réclamer une baisse de la TVA, actuellement à 19,6 % alors qu'un DVD est taxé à seulement 5,5 %.
Pour de nombreux spécialistes, la VOD ne parviendra pas à renégocier ses contrats tant qu'elle ne fera que favoriser les contenus les plus rentables au détriment des œuvres qui nécessitent plus de temps pour exister.