Alors que les références de plats surgelés contenant de la viande de cheval s'accumulent et ne cessent chaque jour d'entacher un peu plus la crédibilité de l'industrie agro-alimentaire, une question se pose devant le volume de produits retirés du marché : que faire de ces plats cuisinés qui contiennent de la viande de cheval alors qu'ils sont étiquetés bœuf ?
En Belgique, en Allemagne mais également en France, nombreuses sont les personnes à s'interroger sur le devenir des plats cuisinés contenant du cheval retirés dernièrement du marché. Faut-il les jeter à la poubelle ? Non, répond l'eurodéputé Marc Tarabella, qui voudrait que ces derniers soient distribués aux plus démunis.
En Allemagne, où le scandale vient tout juste de commencer, le député Hartwig Fischer a choisi de se faire filmer en train de manger un plat de lasagnes au cheval pour souligner qu'on ne remarque pas la différence avec le bœuf.
Et le ministre allemand du développement s'est quant à lui adressé au Bild pour rappeler que 800 millions de personnes meurent de faim chaque année dans le monde. Compte tenu du fait que de nombreux allemands vivent également dans des situations difficiles, constate-t-il, il serait déplacé de jeter une quantité aussi importante de "bonne nourriture".
Après la fraude, le gaspillage de milliers de tonnes de nourriture ?
Désireux d'éviter un tel gâchis, l'eurodéputé Marc Tarabella a demandé via une lettre ouverte au directeur général de Findus France, Matthieu Lambeaux, de faire en sorte d'éviter que le gaspillage de milliers de tonnes de nourriture succède à la fraude. Pour rappel, près de 20 millions de personnes ne sont pas en mesure de se nourrir une fois par jour en Europe.
M. Tarabella a par la suite réitéré cette demande en s'adressant aux autres entreprises concernées par le scandale, comme Nestlé, Ikéa ou encore Lidl. Mais pour l'heure, ces dernières sans oublier l'Agence fédérale pour la sécurité de la chaine alimentaire ont fait savoir qu'une telle distribution des plats n'était pas à l'ordre du jour.
Motif du refus : la nécessité d'un reconditionnement et d'un nouvel étiquetage. Pourtant, explique M. Tarabella, il suffirait de coller une petite étiquette comme cela se fait souvent pour les promotions ou encore les produits dont la date de péremption est proche. Second motif de refus : la distribution risquerait de casser la chaine du froid. Encore une fois, Tarabella estime que Findus et les autres seraient tout à fait en mesure de déposer des palettes de produits surgelés dans les associations.
"C'est à l'État de prendre position"
Le Directeur Général de Findus France Matthieu Lambeaux a finalement fait savoir qu'aucun produit n'avait jusqu'à présent été détruit et que ces derniers étaient actuellement en train de revenir vers les entrepôts. Néanmoins, a-t-il expliqué, dans la mesure où ces produits ne sont aujourd'hui pas légaux, c'est à l'État de prendre position. En conséquence, ce dernier attend de la part du ministre des indications à ce propos.
Or, Benoit Hamon, le ministre délégué à la consommation, a rappelé dernièrement qu'une circulaire datant de janvier 2012 encadre la distribution, dans le cadre de l'aide alimentaire, des denrées alimentaires emballées présentant des défauts d'étiquetage ou de marquage. Cette dernière indique notamment que le don aux organismes caritatifs est applicable en répondant à certaines conditions. Il est ainsi nécessaire de mentionner sur un document séparé toutes les mentions obligatoires requises par la réglementation.
90 % des Belges seraient favorables à une telle distribution
À noter qu'en Belgique, un sondage en ligne réalisé par Le Soir met en évidence que 90 % de la population serait favorable à la distribution des produits retirés. En Belgique comme en France, les associations caritatives sont intéressées par une telle perspective. À condition toutefois qu'une garantie produite par les autorités sanitaires précisant qu'il n'y a aucun risque à consommer ces plats soit fournie. Les Restos du cœur ont ainsi expliqués rester très attentif au niveau de la traçabilité de la viande.
Sur le budget 2014-2020 de l'Union européenne, le Programme d'aide aux plus démunis devrait prochainement passer de 500 millions à 300 millions d'euros par an.