Les océans de la planète sont remplis de déchets. Lorsque des détritus tombent à l'eau, ceux-ci se regroupent dans certaines zones océaniques, entrainés par les courants. Aussi 5 "plaques" gigantesques sont aujourd'hui répertoriées, sans évoquer les iles de déchets, les km² d'ordures un peu partout dans le monde. La question de la dépollution des océans est devenue le cheval de bataille de différentes ONG, associations mais aussi de nombreux Etats et organisations internationales, une préoccupation sans frontière ni visage.
Avant même d'évoquer les solutions, il est justifiable de se demander pour quelles raisons il faudrait payer (encore) des sommes astronomiques pour évacuer des déchets qui sont au fin fond des océans, et qui finalement ne gênent personne.
Une pollution insaisissable qui se répercute sur vous
La pollution des océans, même de l'autre côté de la planète, est préoccupante parce que tout le monde en est victime, sans distinction : les poissons et autres animaux marins vivant en haute mer, nagent dans cette eau polluée et se nourrissent de plancton et bêtes aquatiques infectés. Ces mêmes animaux, coquillages ou crustacés, nourris au pétrole et au plastique, atterrissent dans nos assiettes. Outre les animaux, les déchets abiment les plages et la mer. Certains sites deviennent impraticables, ruinant à petit feu certaines côtes jadis touristiques. Économiquement, la seule pollution de l'eau serait responsable de dégâts sur les bateaux américains, dont les coûts s'élèveraient à 1 milliard de dollars chaque année. L'existence de risques pour la santé est une évidence, mais à quel point, nul ne le sait.
Le problème cependant est de taille : comment récupérer ces déchets ? Dans les mots, ca semble simple : lorsqu'ils se regroupent, il suffit de les attraper. Cependant, à force d'être broyés, les déchets sont décomposés : il s'agit de particules sur la mer, dont le volume interne est inestimable, et l'étendue immense. Ces déchets font, dans les océans, le même effet que de la saleté dans une bouteille d'eau: elle est grisâtre et seul un filtre très puissant pourrait la purifier. C'est pourquoi "le 7e continent", le continent de déchets, est dit "composé de plaques". Les fines particules s'étendent sur une surface de près de 6 fois la France, et s'enfoncerait jusqu'à 30 mètres sous l'eau. Heureusement, un jeune néerlandais de 19 ans à peine, Boyan Slat, a peut-être fabriqué ce filtre géant.
Une solution 3 000 fois plus rapide
Cela fait 2 ans déjà que le projet The Ocean Cleanup a été mis en route. L'objectif est d'extraire 7,25 millions de tonnes de plastique (soit le poids 90 625 000 personnes), qui ne représentent qu'un tiers de la pollution océanique. Le projet espère un traitement de 5 ans par gyre océanique. En 25 ans, les océans pourraient être à nouveau propres. La solution, un bateau un peu futuriste, alimenté par des batteries solaires et le mouvement des vagues, et qui serait équipé d'immenses filtres : les déchets, mobiles, seraient déviés et récupérés. Certains estimaient la dépollution du Vortex de Déchet -la plus grosse plaque qui git dans le Pacifique- quasiment impossible : Charles Moore, fondateur d'Algalita, l'évalue à 79 000 années avec les moyens dont nous disposons actuellement, relaie Slate. Le projet de Boyan Slat serait donc 3 000 fois plus rapide.
Le projet a été soumis en octobre dernier et caché jusque là. Lorsque la presse l'a révélé cette semaine, des mise en garde ont été immédiatement ajoutées au site du projet ainsi que postées sur Twitter, indique Le Monde. En effet, l'étude technique de faisabilité n'en est qu'à 1/4 : lorsque celle-ci sera achevée, le projet sera considéré comme possible. Pour l'instant il n'en est encore qu'au stade d'idée en construction. Néanmoins, l'idée est si bonne que des dizaines d'ingénieurs et scientifiques planchent dessus depuis octobre. Un problème assez cynique bloquait beaucoup de démarches et a impacté de nombreux autres projets proposés auparavant (Protei, le robot du MIT ou encore le drone marin des étudiant de Valenciennes): aucun Etat ne voudrait assumer les coûts, colossaux. Avec cette technique de barrage, la récupération des plastiques est envisageable et sa revente pourrait couvrir les frais de l'opération voire procurer des bénéfices.