Echographies, bilans de santé, n’y a-t-il pas trop d’excès avec tout ces types d’examens ? L’Académie de Médecine pointe du doigt les abus des examens médicaux à répétition qui sont un véritable coût pour les collectivités. Que nous soyons médecins ou patients, nous serions tous plus ou moins responsables…
Dans le rapport "Améliorer la pertinence des stratégies médicales", les sages de l’Académie de Médecine ciblent les actes médicaux souvent réalisés de façon abusive. Avec les 5,9 milliards de dettes actuels de l’Assurance Maladie, l’Académie souhaite voir ces excès coûteux diminuer.
Pour eux, certains recours médicaux sont synonymes de sources d’inflation de dépense pour la collectivité, d’autant plus qu’ils n’apportent pas pour autant de bénéfices aux patients.
Quels recours médicaux sont visés ?
Plusieurs types d’examens médicaux sont ciblés, leur utilité étant parfois jugé très faible par le domaine médical.
D’une part les dépistages et examens systématiques gratuits sont remis en cause. Ainsi, l’Assurance Maladie propose à 600 000 personnes un bilan de santé gratuit. Pour autant ces examens ne réduisent pas la morbidité que ce soit pour les maladies cancéreuses ou cardio-vasculaires selon une étude de la Cochrane Library. Désormais l’Assurance Maladie cible ses patients selon leur âge et leur condition sociale pour des bilans de santé.
L’autre exemple délivré par le rapport est le remboursement des répétitions abusives et nocives des mammographies effectuées en dehors du cadre du dépistage du cancer du sein.
L’Académie vise également les répétitions inutiles d’analyses qui sont à proscrire tels que les prescriptions floues comme les bilans thyroïdiens et hépatiques. Ces constats servant justes à prescrire de nouvelles doses ou un nouvel examen, plus performants, sans pour autant supprimer l’ancien.
La conduite des soins relève de la responsabilité des médecins. Pourquoi y’a-t-il donc autant d’examens médicaux onéreux à répétition ? La réponse est simple : sous la pression de leur patient, les médecins les délivrent car ils ont peur d’un éventuel procès.
Des excès des deux côtés
L’académie parle de dérive du corps médical quand elle s’exprime au sujet des prescriptions. Mais certains abus sont effectués par les patients, que subissent les médecins.
Du côté des patients certains abus sont réalisés, la judiciarisation, qui permet de se couvrir en cas de plainte, effraie le corps médical qui se voit forcé d’agir même pour des choses bénignes. Et le consumérisme médical ("je paye donc j’y ai le droit") de la part des patients ne facilite pas le tout.
En ce qui concerne la responsabilité du corps médical, l’examen minutieux du patient est pointé du doigt. En effet, l’interrogation des antécédents et le temps de prise en charge ne seraient pas aussi poussés qu’ils devraient l’être.
Enfin les examens complémentaires sont formulés en bloc, mais selon le rapport, ils devraient contrôler des hypothèses et être échelonnés dans le temps selon les résultats. Or les sages notent que la durée de l’enseignement clinique, dans un service n’est seulement que de trois mois. Cette force de la médecine française ne peut donc compenser ces lacunes à cause de cette réduction de temps.
Après ce rapport qui dénonce ces dérives, l’Académie de Médecine espère à l’avenir des mesures qui limiteront ces abus.
Sources : Letelegraphe ; Leparisien