L'association "loi de 1901", qui vient en aide aux personnes en difficultés dans leurs démarches pour se loger dans des conditions dignes, dénonce dans un rapport la dégradation des offres de logement pour les foyers modestes. Alors que le marché de l'immobilier est au plus haut et que la crise pèse sur les budgets, les ménages à bas revenus ont de plus en plus de difficultés à se loger. Le mal-logement est la cible de ce rapport, qui cite les situations dans lesquelles se retrouvent trop souvent les personnes fragiles : hébergement par un tiers, à l'hôtel ou dans des habitations de fortune (squats, caravanes, etc…).
Selon le rapport, 49 % des individus hébergés en urgence à Paris, par le Samu social (le "115", d'après le numéro d'urgence qui permet de le contacter), sont des familles monoparentales en situation de très grande précarité. Du fait de plusieurs facteurs (chômage, hausse des loyers, parc social sous-développé, ruptures familiales), ces personnes qui sont en première ligne constituent aujourd'hui une population en forte augmentation, alors que les moyens apportés pour répondre à ces problèmes ne suivent pas.
La réalité méconnue du mal-logement
La sur-occupation de logements de petite taille est une situation courante chez populations les plus fragiles. Il n'est pas rare que des propriétaires acceptent d'entasser des familles entières dans des studios ou les chambres de bonne. Selon le rapport de la Fondation Abbé Pierre, 3 millions de ménages vivent aujourd'hui dans des appartements sous-dimensionnés, particulièrement dans les grandes villes. Ce qui apparaît comme un facteur de déstabilisation pour les familles, y compris celles de la classe moyenne.
En effet, le rapport note que la crise du logement constitue un obstacle à l'installation de jeunes couples, parfois avec enfant, qui sont obligés de vivre séparément ou dans des conditions indignes. Une étude du Crédoc de décembre 2011 souligne que la crise empêche de nombreux jeunes actifs de partir de chez leurs parents, ce qui a un impact sur la démographie, ces jeunes couples pouvant être amenés à renoncer - au moins temporairement - à avoir des enfants. Surtout, le nombre de familles monoparentales, qui est en augmentation constante depuis un demi-siècle, conjugué à la situation économique, abouti à une multiplication des ménages et contribue à la raréfaction de logements.
Enfin, les problèmes de logement ne concernent pas que les familles, mais aussi les personnes isolées qui sont les plus exposées à des situations de grande précarité. Les jeunes, entre 18 et 30 ans, sont les plus touchés par ce phénomène d'isolement, qui accentue les risques, car ils ne bénéficient pas des garanties qu'apporte la vie en couple (double source de revenus, économies dans les dépenses) ou la présence d'enfants au sein du foyer (aides et priorité pour l'accès au parc social). 42 % des personnes disposant de moins de 300 € par mois, une fois les dépenses liées au logement payées, et 65 % des personnes en situation de surendettement sont des personnes seules.
En conclusion, le rapport préconise une refonte de l'offre de logements, prennant en compte les effets de la crise, de la hausse des prix et de ces mutations sociétales, pour avoir une prise sur le phénomène du mal-logement. Il appelle les pouvoirs publics à tout mettre en œuvre pour faire cesser les abus constatés au niveau des logements indignes à la location mis sur le marché par des propriétaires indélicats. Notamment, le non-respect de l'interdiction de louer des studios d'une surface inférieure à 9 m2, et d'une hauteur sous plafond de 2,20 m.