Populaire dans les années 1990 au cours des technivals et des free parties, le protoxyde d’azote, plus connu sous l’appellation de gaz hilarant, revient en force chez les jeunes. Le centre régional de pharmacovigilance (CRPV) tire la sonnette d’alarme face à la recrudescence de l’usage de cette drogue légale.
Des rues pleines de cartouches, tels sont les faits rapportés par La Voix du Nord concernant l’usage du protoxyde d’azote chez les jeunes Lillois. Zoom sur cette substance psychotrope qui gagne en popularité dans le Nord de la France.
Une drogue facile d’accès
Si le cannabis thérapeutique est désormais disponible en France, notamment dans le Nord, le protoxyde d’azote devient populaire chez les jeunes Lillois au point d’inquiéter les autorités sanitaires. En effet, cette substance utilisée en cuisine, mais aussi en médecine pour ses propriétés antalgiques s’achète aisément dans les commerces. Pour en consommer, les adolescents utilisent des ballons de baudruche vendus sur Internet à environ 10€. D’après le psychiatre et addictologue Dan Véléa, la popularité du gaz hilarant est due à ses effets, dont des rires sans fin et une dépersonnalisation du consommateur, et ce, en seulement quelques secondes.
Des dangers réels
Si l'utilisation de certaines drogues restent controversée pour les scientifiques, les consommateurs de “proto” croient que cette substance psychotrope est sans danger. Pourtant, le Dr Philippa Lavallée, neurologue à l'hôpital Bichat à Paris, avertit qu’une forte consommation de ce gaz peut être à l’origine de divers problèmes de santé. Les effets vont de la nausée aux maux de tête, mais peuvent être plus sérieux. La consommation quotidienne de protoxyde d’azote pourrait causer une accélération du rythme cardiaque si elle est associée à l’alcool ou à une boisson énergisante. En raison d’une carence en vitamine B12, les plus grands consommateurs risqueraient une sclérose de la moelle épinière pouvant entraîner une dégénérescence neurologique irréversible. D’après le Dr Lavallée, les dégâts peuvent aller jusqu’aux troubles moteurs des membres.
Vers une banalité de la consommation de drogue
Michel Reynaud, président du Fonds Actions Addictions, déplore la banalité de la consommation de drogues festives chez les jeunes. D’après les statistiques, près de 3% des 14 à 17 ans auraient déjà consommé de l’ecstasy et des drogues dures comme la cocaïne, la MDMA ou le GHB. Cette proportion augmente à 5% chez les 18 à 24 ans, dont 3% de consommateurs réguliers. D’après les spécialistes, les parents doivent parler de la drogue avec leurs adolescents afin d’éviter qu’ils ne sombrent dans la dépendance. Le calme et la fermeté sont de rigueur pour faire passer le message tout en évitant les situations de conflit.