Le cabinet de recrutement international Towers Watson a publié lundi 26 novembre l’étude "Global Talent 2021". Cette dernière indique que les pays émergents seront les plus gros demandeurs de personnel qualifié dans neuf ans, mais également les premiers formateurs. Une équation pourtant imparfaite.
Selon cette étude, le bouleversement du marché du travail mondial qui se met en place depuis 2008 va changer la donne en 2021 : les pays dits "en développement" que sont l’Inde, la Chine, la Corée du Sud, le Brésil sont en pleine métamorphose économique. Auparavant considérés comme de simples fournisseurs de matières premières, ils se spécialisent depuis quelques années. La crise de 2008 a inversé les rôles, les pays développés n’offrent plus aujourd’hui assez de débouchés pour le nombre sans précédent de diplômés sur leurs sols. Aujourd’hui, avec la faiblesse du marché de l’emploi dans ces pays, un flux croissant de jeunes diplômés américains et européens partent travailler dans les puissances montantes d’Amérique du Sud, d’Asie du Sud-est et d’Afrique du Nord.
La tendance de cet exode restera similaire d’ici huit ans. La croissance devrait faiblement progresser en Europe de l’Ouest (+ 3,5 %) et en Amérique du Nord (+ 6,1 %). La baisse démographique pourrait entraîner une baisse du nombre de diplômés (1 % de diplômés sur le continent nord-américain et entre 0,5 et 1% pour la France, l’Italie et le Royaume-Uni). Ce seraient alors les diplômés des pays dits "en développement" qui viendraient répondre à la demande dans ces territoires. C’est la même chose pour les pays comme le Japon, la Russie, Taïwan et la Corée du Sud. Ces derniers devraient continuer à bénéficier d’une croissance annuelle de 10 % et d’une baisse de la natalité (avec moins de 0,5 % de diplômés par rapport au taux actuel). Ils seraient donc favorables à l’immigration de jeunes actifs qualifiés en provenance des pays émergents.
Puissances émergentes : entre formation des jeunes et industrialisation du territoire
Les jeunes diplômés seraient trop nombreux, toujours selon cette étude, dans les puissances émergentes pour pouvoir être absorbés par le développement des industries locales. Malgré le développement de l’industrie dans les pays d’Asie du Sud-est, où la demande de main d’œuvre croîtrait de 37,7 %, une partie d’entres eux devrait émigrer en Europe occidentale dans le domaine financier (la demande de main d’œuvre qualifiée devrait respectivement y augmenter de 13,2 %, mais baisser de 8,1 % aux Etats-Unis et au Canada) et en Amérique du Nord dans le secteur énergétique (les prévisions tablent sur une croissance de la demande de l’ordre de 22,7 %, alors qu’elle diminuerait de 11,3 % en Europe de l’Ouest). Les diplômés dans les secteurs des transports et du tourisme devraient alors se tourner vers le Japon et la Corée du Sud (+ 36,5 % de croissance prévue de la demande dans ces secteurs). L’étude "Global Talent 2021" est basée sur le croisement de projections statistiques internationales sur l’activité économique par secteurs et sur l’enseignement supérieur, ainsi que sur une enquête menée auprès de 352 responsables des ressources humaines de grandes entreprises dans 46 pays. Elle montre que la mobilité mondiale va s’accroître dans la prochaine décennie, provoquant des migrations des pays émergents vers les pays développés et vice-versa.