Ce jeudi 25 juin, les chauffeurs de taxis français ont manifesté leur colère en bloquant les lieux stratégiques de plusieurs grandes métropoles. Paris, Lille, Marseille, Lyon, Toulouse et Nice étaient concernées. L'occasion de revenir sur les origines d'un conflit qui fait du bruit.
De nombreuses perturbations à Paris
Dans chacune de ces grandes villes, des opérations ont été menées par les chauffeurs professionnels. Avec un objectif : rappeler à l’État l’urgence de prendre des mesures face à la concurrence déloyale imposée par les sociétés clandestines de transport de passagers telles qu’Uber, Heetch et Djump, entre autres.
À Paris, de nombreux lieux ont été bloqués. Les abords des aéroports Roissy-Charles-De-Gaulle et Orly, et des gares Montparnasse, de Lyon et du Nord ont été monopolisés, rendant leur accès difficile. Les professionnels ont par ailleurs réalisé des opérations pour ralentir la circulation sur plusieurs autoroutes en direction de la capitale. Même l’accès au périphérique a brièvement été rendu impossible, aux alentours de 7 heures du matin. À noter que des perturbations semblables ont également été relevées dans le reste du pays.
Retour sur un mouvement initié en 2013
L’affaire n’est pas nouvelle : rappelons qu’en janvier 2013, des milliers de chauffeurs avaient déjà manifesté leur colère. À l’origine de ces tensions, une modification de la loi portant sur le transport des malades qui, selon les professionnels, risquait de précariser leur profession. À cela s’est ajoutée la grogne des syndicats contre les véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC), accusés de concurrence déloyale car privant les taxis du quasi monopole du transport de passagers.
En pratique, des chauffeurs non professionnels peuvent en effet transporter des particuliers grâce à des applications telles que Heetch ou Djump. Or, la première application visée n’est autre que celle du géant américain Uber. Sa version "populaire", UberPop, brasse un public très large grâce à ses tarifs franchement préférentiels. De quoi priver les chauffeurs de taxis d’une bonne partie de leur clientèle, qui se tourne plus volontiers vers leurs concurrents. Depuis quelques semaines, les altercations, parfois violentes, se sont multipliées entre conducteurs particuliers et professionnels. Reste encore à trouver un terrain d’entente pour faire baisser la pression et désamorcer le conflit.
Le gouvernement jouera-t-il enfin son rôle de soupape ?
Du côté du gouvernement, plusieurs réactions à la grève ont été entendues. Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, a déclaré avoir "demandé au préfet de police de Paris de prendre un arrêté interdisant l’activité d’UberPop", tout en invitant les principaux acteurs de la manifestation à éviter toute action violente. Plus tard dans la journée, la préfecture de police de la ville a annoncé l’interdiction de plusieurs applications de VTC, dont UberPop. Tandis que Manuel Valls, lui, a condamné les violences, qu’il juge "inadmissibles". L’occasion aussi d’affirmer que tous ceux qui en sont à l’origine, "qui se trouvent dans les deux camps, doivent être poursuivis et seront poursuivis". Enfin, lors d’un sommet européen à Bruxelles, François Hollande a annoncé qu’ "UberPop [devait] être dissout et déclaré illégal, et [que] la saisie des véhicules [devrait] être prononcée et effectuée". Reste à savoir si toutes ces mesures seront bel et bien mises en application.