De nombreuses idées reçues font barrage à la bonne insertion des personnes handicapées au sein de l'entreprise. Ces idées touchent aussi bien les travailleurs que les employeurs. Le 19 mars 2013, le nouveau Livre Blanc, visant à améliorer les conditions professionnelles des travailleurs handicapés en entreprise, a été remis au ministère de la Santé par l'association "Agence Entreprises et handicap".
A la suite de discussions durant janvier 2013 entre patrons d'entreprises, salariés handicapés et diverses associations, certaines irrégularités professionnelles ont été mises en évidence, et des réponses concrètes ont été proposées.
La "personne handicapée" à distinguer du "travailleur handicapé"
Une "personne handicapée" est un individu souffrant d'une invalidité physique, sensorielle ou mentale. Les personnes handicapées compensent généralement leur handicap par un développement d'une autre partie de leur corps ou d'un sens (un aveugle sera davantage sensible aux sons, à l'odeur, au goût, au toucher, à l'orientation, aura une meilleure mémoire, etc.). Cette compensation naturelle n'efface pas le handicap, mais peut permettre de se distinguer d'autres candidats ou collègues dans le monde professionnel.
Un "travailleur handicapé" est une personne en situation de handicap dans son travail. Toute personne dont les possibilités d'obtenir ou de conserver son travail sont réduites par des altercations physiques, sensorielles, mentales ou psychiques sera considérée comme "travailleur handicapé", explique le code du travail. La mauvaise santé psychique (burnout, dépression) est désormais reconnue comme étant un handicap à part entière. Un cuisinier perdant le goût et l'odorat sera déclaré handicapé dans sa profession de la même manière que le peintre qui développe une allergie à sa peinture. Autrement dit, une personne handicapée pour un métier ne le sera pas forcément pour un autre, et un handicap peut être temporaire.
Handicap et Emploi, deux mots contradictoires ?
Lorsque l'on évoque le handicap, beaucoup de Français comprennent "fauteuil roulant" ou "maladie mentale". Or 85 % des handicaps sont invisibles, et la personne concernée est parfaitement compétente. De nombreuses méthodes existent désormais pour que le handicap ne soit plus une barrière : un sourd pourra aisément suivre une réunion grâce à un téléphone-écran (type Skype) relié à un interprète. 90 % des handicaps ne nécessitent aucun aménagement.
Du coté des travailleurs, de nombreux clichés persistent. Beaucoup de personnes handicapées ne déclarent pas leur situation, car ils n'en voient pas la raison et pensent que le déclarer mettrait quelques barrières à leur évolution professionnelle. Or déclarer le handicap est bénéfique au travailleur comme à l'entreprise, et l'évolution est fondée sur les compétences effectives. La déclaration du handicap n'est qu'administrative et peut amener à certains aménagements, pouvant même redémarrer une carrière…
La France est très concernée par le handicap et de nombreuses aides existent, à commencer par la loi. Les entreprises de plus de 20 personnes sont obligées depuis 1987 d'employer au moins 6 % de travailleurs handicapés. En 2011, une entreprise sur deux respecte ce taux d'insertion, qui ne fait que progresser. Le Ministère de la Santé a publié de nombreuses fiches pratiques afin de répondre au mieux aux travailleurs handicapés en situation professionnelle incomprise.
Quelles nouveautés pour 2013 ?
Les évolutions de mars 2013 avancent donc de nouvelles propositions. Parmi elles, l'amélioration des conditions d'accessibilité et d'aménagement du poste de travail (rampes spécialisées, ascenseurs aménagés, alarmes visuelles, téléphone avec écran, etc.) En effet, si l'adaptation mène le travailleur handicapé à compenser sa gêne, le mauvais aménagement pourrait l'accentuer.
De nombreux handicapés constataient que, après l'embauche, leur situation stagnait. Aussi l'association propose le suivi des étapes ordinaires de la carrière professionnelle (formation, licenciement, déplacement, fin de carrière, démission etc.) par de nouveaux accords.
Enfin, davantage sensibiliser les entreprises et les salariés non handicapé afin de briser le tabou du handicap, et enseigner les multiples formes d'invalidité, encore inconnues.
Sources : Ministère de la Santé ; Livre Blanc de l'Association Hangagés.org et Vie publique.fr