Comme l'avait promis le Gouvernement, le prix du tabac a encore augmenté ce lundi 15 juillet, se rapprochant toujours plus des 7 euros. Le ministère du Budget affirme que ces hausses sont effectuées pour le bien des Français afin de les pousser à arrêter de fumer. Certains pensent même que cette hausse de 3 % est "ridicule", ne représentant que 20 centimes d'euros : 10 % auraient été préférables. Mais ces augmentations successives aident-elles réellement les fumeurs à arrêter ?
Selon le ministre du Budget, Bernard Cazeneuve, la France est désormais le pays d'Europe Continentale où le tabac est le plus cher. Excellente nouvelle selon lui, car cela serait un "reflet de l'action du Gouvernement pour modérer la consommation de tabac".
Des hausses colossales peu dissuasives
Pourtant, les chiffres de la cour des Comptes indiquent que la consommation n'a pas baissé depuis 2005, elle aurait même augmenté fortement depuis 2 ans notamment chez les femmes et les jeunes. Selon le dernier rapport de l'OFDT (drogues et toxicomanie), la cigarette concerne en 2011 quasiment 23 % des jeunes de 16 ans, alors qu'en 2007 ils n'étaient que 17 %.
Malgré cela, le Gouvernement rappelle que la hausse du tabac en novembre 2012 a porté ses fruits : on note une baisse de 9 % dans le volume des ventes sur le premier semestre 2013 par rapport à la même période de l'année précédente, soit une première baisse significative depuis presque 10 ans. Néanmoins, selon Yves Bur, président de l'Alliance contre le tabac, une augmentation de 3 % reste inutile.
Selon ce dernier, pour que le fumeur réalise vraiment la hausse, il faudrait une augmentation de 10 % minimum. En dessous, ces actions ne serviraient qu'à renflouer les caisses de l'Etat dont les recettes sur le tabac sont estimées à 15 milliards d'euros annuels. En effet, depuis 2000, le prix du tabac a flambé, passant du simple au double, sachant que l'Etat touche 80 % du prix des paquets de cigarettes.
Rappelons-nous qu'il y a 13 ans, un paquet coûtait 3,20 €. La barre des 7 €, semblant jadis impossible à franchir, n'aura jamais été aussi proche. En effet, cette nouvelle hausse hisse le prix du paquet le moins cher à 6,30 € ! Et le paquet le plus vendu est désormais à 6,80 €. Fumer des cigarettes devient un luxe que bien peu de personnes pourront désormais se permettre. Du moins, fumer des cigarettes françaises...
Un marché parallèle qui se met en place
Un fumeur voulant fumer parvient toujours à se dégoter son matériel. C'est pourquoi nombreux sont ceux qui passent par des pays étrangers pour se fournir en blondes, ou les achète sous le manteau. Tant et si bien qu'on estime aujourd'hui que la cigarette de contrebande est consommée par une personne sur cinq : 20 % des cigarettes seraient achetées de façon illégale ou non, à l'étranger ou sur internet, là où c'est moins cher.
Aussi, la hausse des prix est accompagnée d'une grève des buralistes qui n'enverront pas leur déclaration de stock, obligatoire à chaque changement de prix. De plus, le rapport Queyranne mettrait en péril l'accord entre les buralistes et l'Etat, accord prévoyant des compensations financières pour les buralistes en fonction du recul des ventes. Le rapport Queyranne (pdf) propose de piocher dans ces aides à hauteur de 210 millions d'euros...
La grève ne se terminera donc que lorsque le Gouvernement aura pris de réelles positions contre ce rapport d'une part, et qu'il aura décidé de démanteler le marché parallèle qui fragilise sensiblement les buralistes frontaliers. En effet, la hausse du tabac ajoutée à la fin de l'accord mettent en péril la survie de 6 000 buralistes sur les 27 000 de l'Hexagone, sans pour autant baisser significativement le nombre de fumeurs…
Sources : Rapport Cour des Comptes (pdf à télécharger) ; Le Boursier.com ; maptabac.com