Sous l'effet de l'essor des nouvelles technologies et du succès grandissant des réseaux sociaux, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à bloquer ou restreindre l'accès à certains sites internet, à l'instar de Facebook ou YouTube. Une tendance qui ne fait pas l'unanimité auprès des salariés…
Un midi, Arthur (le prénom a été modifié), un employé dans la communication d'une vingtaine d'années issu d'une entreprise de services technologiques, a eu la désagréable surprise de découvrir qu'il ne pouvait plus accéder ni à Facebook, ni à YouTube. Une restriction jugée infantilisante et contre-productive à laquelle sont assujettis tous les salariés de la société sans distinction. Mais aussi une interdiction qui ne devrait pas plaire aux employés avides d'improductivité.
Le phénomène n'est pas nouveau : aux États-Unis, d'après une étude réalisée par l'éditeur Panda Antivirus, pas moins de 62 % des petites et moyennes entreprises (PME) ne permettent pas l'accès des salariés aux réseaux sociaux – et donc à Facebook – sur le lieu de travail. Principal motif invoqué par les patrons d'entreprise : une quête de la productivité sans entrave.
Il faut dire que les études à ce sujet – néanmoins rarement désintéressées – abondent sur cette question. Ainsi, l'éditeur de logiciel de sécurité sur internet Olfeo souligne même que les salariés de ses entreprises clients consacrent environ 1h37 chaque jour à internet, dont 53 minutes pour un usage strictement personnel. Résultat, la productivité s'effondrerait de 13,7 %, ce qui représenterait par ailleurs un coût moyen de 13 150 euros pour un cadre, pour l'entreprise.
À l'inverse, une étude menée par la société spécialisée dans le bien être Keas permet quant à elle de relativiser les chiffres avancés par Olfeo. Cette dernière soutient en effet que les salariés ayant un accès libre aux réseaux sociaux sont en réalité 16 % plus productifs que ceux ne disposant par d'un tel accès.
Facebook et YouTube, sites préférés des salariés
Si la plupart des salariés considèrent que l'accès à Facebook permet de souffler et rêvasser quelques minutes pour reprendre le travail dans de meilleures conditions, le directeur de la société Olfeo ne le voit pas de cet œil et argue que les réseaux sociaux ne procurent pas les mêmes bienfaits qu'une véritable pause où le salarié sort s'aérer quelques minutes. En outre, selon les résultats de son étude, certains employés sont en situation d'abus, en consacrant notamment pas moins de 5 heures de leur temps de travail aux réseaux sociaux. En somme, pour lui, ce phénomène est lié à un problème de management.
Les sites les plus consultés par les salariés sont sans surprise Facebook et YouTube. Face aux multiples critiques des employés au sujet des interdictions de plus en plus régulièrement mises en place par les entreprises, les employeurs se défendent de vouloir simplement remettre les gens au travail. Selon eux, l'idée est davantage de limiter la tentation spontanée des employés.
Mais au fait, l'entreprise est-elle autorisée à bloquer tout ce qu'elle veut ?
S'agissant de filtrage ou du blocage pur et simple, les entreprises ont tous les droits. Ainsi, l'employeur peut donner libre cours à son imagination en termes de limitation d'accès à internet. D'ailleurs, la loi, et plus précisément l'Hadopi, précise que les entreprises sont chargées de surveiller comment les salariés utilisent leur accès à internet - et ce surtout au sujet du téléchargement.
D'autre part, l'entreprise est en mesure d'installer un filtrage plus précis ciblant par exemple tel ou tel site, ou de mettre en place un temps limité d'accès ou une tranche horaire spécifique. Toutefois, l'entreprise doit systématiquement avertir le salarié lorsqu'un tel contrôle existe ou encore lorsqu'elle collecte certaines données le concernant.
Pour ce faire, une charte des systèmes d'information peut par exemple être appliquée. À noter que d'une manière générale, le filtrage est primordial pour une entreprise, ne serait-ce que pour éviter de s'exposer aux risques juridiques dans le cas d'une activité illicite du salarié comme le téléchargement illégal. Reste que les salariés parviennent de plus en plus à contourner ce type de contrôle, grâce notamment aux ordinateurs personnels apportés pour travailler au bureau ou encore via les smartphones.