Victor Barrio, jeune torero de 29 ans, est décédé samedi 10 juillet dernier encorné par un taureau de 500 kilos lors de la feria de Teruel. La polémique suscitée par cet événement autour de la corrida a été amplifiée par une révélation faite par le quotidien espagnol El País. Selon la tradition tauromachique, cette lignée doit disparaître : la mère du « taureau assassin » devrait alors être mise à mort. En Espagne, près de 2000 corridas ont lieu chaque année.
Qu’est-ce que la corrida ?
De nombreuses théories existent sur l’origine de la corrida. Certains défendent une origine Romaine, d’autres Maure, d’autres encore préhistorique. Quoi qu’il en soit, les premiers jeux sont nés vers 1100 et mettaient en scène une noblesse à cheval. Certains valets étaient alors chargés de distraire les taureaux et les employés des abattoirs s’amusaient à les esquiver. Au XVIIIe siècle, alors que la noblesse s’éloignait peu à peu de cette pratique, les toreros à pieds avaient de plus en plus de succès. Le véritable Âge d’Or de ces jeux a eu lieu dans les années 1910/1920 avec des personnalités comme Rafael González Madrid, « Machaquito », ou Juan Belmonte (inventeur de l’immobilité pendant la charge du taureau). Aujourd’hui, Sébastien Turzack Castilla, matador français, est reconnu comme l’un des plus grands du monde.
La corrida est un « combat » entre un torero et un taureau en plusieurs étapes. Lors de la première, le Sorteo, les taureaux sont répartis entre les matadors par tirage au sort. Pendant l’Apartado, les bêtes sont chacune placées dans des chiqueros, sombres cellules d’environ 6 m². Tous les participants défilent ensuite lors du Paseo, suivis par le train d’arrastre, chargé de traîner la dépouille de la bête hors de l’arène. Le combat, la Lidia, comprend en général 6 taureaux. Pour chaque taureau, un protocole de 3 parties, appelées Tercios, est respecté. Lors du premier tercio, le matador, ses peones et les picadors testent le comportement du taureau en effectuant des passes de capote (cape) et en lui infligeant des piques. Le deuxième, le tercio de banderilles, consiste à poser des bâtons d’environ 80 cm de long, composés d’un harpon et recouverts par un papier de couleur. Le dernier tercio consiste en la mise à mort du taureau.
Les "pour" et les "contre"
La corrida a toujours fait débat entre les détracteurs et les aficionados.
Les "pour" : La corrida est culturelle, c’est une tradition qui ne peut donc pas être supprimée. De plus, elle est qualifiée de véritable art, conjuguant courage et élégance. La vie d’un taureau de combat est, selon eux, plus appréciable que celle d’un taureau destiné à l’abattoir.
Les "contre" soulignent la cruauté de cette pratique entraînant la souffrance et la mise à mort "gratuite" du taureau. Sachant que le taureau connaît de nombreuses pratiques barbares avant le combat, celui-ci n’est, selon eux, pas équitable. De plus, le combat serait dangereux pour le matador et le public également. Enfin, la corrida ne transmettrait pas de bonnes valeurs.
Ce que dit la loi en France
C’est en août 1853 que la première corrida a eu lieu en France. Malgré l’article 521-1 du code pénal qui punit l’ "acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité », la corrida reste autorisée car considérée comme un cas exceptionnel s’agissant d’une "tradition locale ininterrompue". Elle n’est autorisée que dans certaines régions marquées par une "forte tradition taurine" : Aquitaine, Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Midi-Pyrénées. Cependant, la mise à mort du taureau n’est pas permise partout. En 2015, la corrida a été retirée du patrimoine culturel immatériel français.
Certains pays comme le Chili ou l’Argentine et certaines régions comme la Catalogne ont déjà interdit la pratique. Selon une étude Ifop publiée au printemps 2015, plus de 7 français sur 10 seraient favorables à la suppression des corridas avec mise à mort du taureau.
Sources : lemonde.fr ; corrida.fr ; leparisien.fr